Inspiré d'un fait divers réel survenu en 1988, "Nobody knows" décrit la vie quotidienne de quatre enfants abandonnés par une mère instable et désinvolte dans un appartement de Tokyo et livre un regard amer sur la démission parentale et l'indifférence générale.

Refusant de s'appesantir sur le côté tragique de la situation, Kore-Eda s'intéresse au contraire, aux sentiments des enfants et à la richesse de leur vie. Une tâche de vernis à ongle, un piano miniature, une boîte de chocolats... le moindre objet prend vie dans leurs mains et devient source d'émotion et de tendresse. Au fur et à mesure que le petit cocon familial lutte pour survivre et se dirige imperceptiblement vers le drame, le film prend une allure de conte méditatif sur l'apprentissage.
Bien que le regard critique du réalisateur n'épargne pas notre société hédoniste, il évite tout manichéisme dans le traitement des personnages adultes: du chauffeur de taxi, au patron de la supérette en passant par les employés du pachinko, aucun ne rejette vraiment les enfants, mais leur attitude signale une irresponsable indifférence qui s'avèrera tragique.

La réussite du film tient autant à la mise en scène qu'à la performance des jeunes acteurs. Avec Yagira Yuuya, le réalisateur découvre un comédien au regard perçant dont l'évolution physique au cours du tournage est perceptible à l'écran, renforçant d'autant la force émotive de la démonstration. Les autres enfants complètent idéalement une distribution unique dont la mère, interprétée par You, insuffle une naïve indolence, rendant si délicieusement improbable cette famille isolée et coupée du monde.

Concernant la B.O, on apprécie la mélodie de "Jewel", interprétée par la voix douce et mélancolique de Tate Takako, qui illustre le prélude à un nouveau départ pour la famille en deuil à la fin du film.

"Nobody knows" se pose donc comme une chronique touchante mais se conclu sur un final amer qui montre bien que la vie de ces enfants va suivre son cours vers toujours plus de misère.
Lorelei3
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le 13 mars 2012

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