Les charmes et tourments de la désertion

Paul Grappe, jeune soldat mobilisé de la Grande guerre, se mutile, pour déserter (M. Pierre Deladonchamps). Puis, une fois rentré chez lui, son épouse aimante et attentionnée (Mme Cécile Salette) trouve l’idée de le travestir, en vue de le faire produire et de lui donner une raison sociale lui faisant gagner sa vie. Il commence maladroitement, mais il finit par prendre goût à son personnage de Suzanne, beaucoup, et même trop. A la fin de son contrat, il essaie de redevenir Paul, avec moult difficultés et une fin particulièrement dramatique.
La montée en puissance de l’intrigue et le traitement de séquelles pathologiques d’un climat de guerre et d’un conservatisme étouffant constituent un film touchant, mais très sombre.
Un contexte de guerre désoriente inévitablement, surtout les âmes sensibles amenées à y participer activement. La confusion identitaire, en l’occurrence de genre, n’arrange pas les choses, d’autant plus que la personne a pris l’habitude de simuler, pour sa désertion puis lors de son travestissement où la fiction dépasse quelque peu la réalité. Aussi la multiplication des regards suspicieux, sur ces deux thèmes, contribuent à détruire un peu plus ce fragile protagoniste. Cet appel à la paix et à la tolérance est susceptible de toucher, faire vibrer, malgré une chute dramatique, difficile à digérer.