The godiche girl

En voyant le dernier Téchiné, il est impossible de ne pas repenser à "Souvenirs d'en France". Non pas que les deux récits aient quelques similitudes, mais simplement par le savoir faire qui semble perdu. Autant l'un (pourtant le second film du réalisateur) tout en pudeur flamboyait d'une charge romanesque extraordinaire autant cet opus de 2017 est fade et mal construit.

Il n'y a pourtant rien à dire à la partie technique, costumes, décors et photo sont de belle facture. Mais cette accumulation de scénettes (surtout au départ) ne permet nullement d'entrer dans l'histoire que l'on suit assez distraitement. La même distance se trouvait dans "Souvenirs d'en France" mais elle servait le film. Ici Téchiné se contente de nous raconter quelques épisodes de la vie de Louise et Paul Grappe, focalisant l'intrigue sur la mutation qui s'opère chez Paul à qui il a malheureusement confié le rôle à Pierre Deladonchamps.

Car le principal écueil du film c'est bien lui et s'avère à la vérité peu crédible car il n'a pas su s'approprier le film. On passe sur son naturel hébété (on a constamment l'impression qu'il découvre quelque chose) pour en venir au personnage. Deladonchamps en fait des tonnes, plutôt que d'amener le trouble (c'est quand même l'enjeu de cette personnalité) il apporte une composition brute peu travaillée, sans raffinement !

Hors même si l'on connaît peu la vie intime de Paul Grappe, il aurait fallu l'aborder avec plus de force, cette force en lui qui le poussait à se travestir, se prostituer et rejeter tout son passé d'avant la guerre. Là, on se contente de mettre en images un double drame, celui de Paul et celui du couple.

Le personnage de Céline Sallette est lui beaucoup plus approfondi, c'est son mal être qui nous fait prendre conscience de l'ampleur de ce marasme. Elle y est signoresque (tant physiquement que dans l'intensité de son être) et vraiment formidable !