Nos futurs traite des retrouvaille où des amis d’enfance qui ayant atteint la maturité se retournent sur leur jeunesse et plongent dans leur passé.
Un film de potes.
Le genre d’histoire qui marche uniquement si on croit à la complicité des acteurs, et pour le coup ça fonctionne bien.
La nostalgie joue à fond, et on aime pouvoir retrouver des airs connus, se sentir rajeunir en partageant le temps d’un film des souvenirs avec des personnages qu’on aurait pu croiser.
C’est étrange la capacité que peut avoir le cinéma à nous faire croire qu’on aurait pu être un membre à part entière du groupe de potes. Il suffit de quelques minutes pour qu’on se sente intégré à la bande. C’est le même phénomène qu’avec les faux souvenirs: quand on est persuadé d’avoir vécu quelque chose, ou quand on ne sait plus si on se souvient vraiment de ce qu’on a vécu ou des photos qui nous le rappellent.
Le film s’articule autour de la comparaison entre passé et présent et le décalage entre les deux personnages de Thomas et Yann, l’un resté gamin qui a oublié d’évoluer et l’autre le gars rangé qui peine à retrouver qui il était.
La nostalgie habite le film et c’est ce qui est le plus agréable: plus que la découverte des anciens potes et leur évolution, ce qu’on aime c’est sentir Yann se réveiller.
Il est facile pour le spectateur de se projeter dans ce personnage, pas besoin d’avoir vécu la même chose que lui, les années qui passent sont un point commun suffisant. Comme lui on fait le bilan calmement (en s'remémorant chaque instant…) sur ce qu’on était, ce qu’on ambitionnait et ce qu’on est devenu.
Et puis il y a des choses moins bonnes: des dialogues un peu trop écrits et qui parfois manquent de naturel, une bande son pas aussi folichonne qu’escompté alors que la musique devrait contribuer à créer un univers encore plus percutant.
Surtout, il y a l’histoire.
Nos futurs est une jolie expérience, et ça pourrait être un film remarquable de bout en bout s’il n’avait vendu son concept trop vite.
On devine presque tout de suite qu’il y a un problème, et à partir du moment où on perçoit un début d’indice, chaque nouvel élément enfonce le clou. (dès l’apparition du minitel, on comprend qu’il y a un problème de connexion entre les deux personnages).
Autant dire que quand au moment de la révélation ultime on reconnait les premières notes de “where is my mind” des pixies, il n’y a aucune surprise sur ce qu’on s’apprête à nous dire.
J’adore ce titre, l’utiliser à ce moment précis a du sens, mais le faire après fight club empeste le manque d’inventivité.
C’est bien dommage parce qu’il aurait fallu un tout petit peu plus de subtilité pour rendre le film réellement marquant. C’est peut être aussi parce qu’on commence à connaître la recette de ce genre de films qu’on ne se fait plus avoir aussi facilement.
C’est à se demander si “nos futurs” n’avait pas été plus plaisant s’il s’était contenté de retrouvailles, sans vouloir en plus y ajouter le déni.
Ma déception (légère mais présente quand même) vient aussi sans doute du fait que la dimension fight club suspend l’identification aux personnages: ce n’est plus l’histoire universelle des potes qui vieillissent, ça devient l’histoire particulière du gars qui n’a pas digéré le décès de son meilleur ami.
Malheureusement à partir de la révélation, on n’arrive pas à bifurquer nous aussi: la logique voudrait qu’on passe du statut de “pote de la bande” à une compassion devant le malêtre de Yann.
On est touché, mais pas autant qu’on avait pu être emballé par l’esprit de groupe du début. Le décalage est flagrant, et on peine à se dire que le film qui avait pu nous
Peut-être aussi parce que de base je préfère Pio Marmai à Pierre Rochefort, peut être qu’il n’a pas su m’émouvoir au moment de basculer.
Nos souvenirs est un joli film mais pas la claque qu’il aurait pu être, il est sympathique de pouvoir passer un moment avec deux acteurs attachants, mais on oubliera vite ce film qui traite justement de mémoire.