Difficile d'écrire une critique de ce long-métrage muet de 1922. Tout a déjà été dit de ce film : chef d'oeuvre expressionniste pour les uns ou film un peu surcoté pour les autres.


Mais après tout, cela ne fait pas de mal de rappeler le contexte du film afin de mieux le comprendre : "Nosferatu le Vampire" a acquis sa notoriété grâce à la veuve de Bram Stoker, l'écrivain de "Dracula", qui cherchait à faire détruire toutes les copies de ce film qui adaptait illégalement les romans de son défunt époux. Elle a presque réussi puisque seules quelques copies ont été gardées précieusement et n'ont été diffusées qu'à la mort de Florence Stoker.
Une fois planté ce décor, on comprend mieux à quel point voir ce film en 2016 relève presque du miracle et possède quelque chose de précieux.


Mais cette préciosité ne réside pas seulement dans le fait que l'on aurait pu ne jamais voir ce film. Elle réside aussi dans le fait que ce long-métrage allemand a inspiré beaucoup d'autres classiques du cinéma.
En le regardant et en découvrant le personnage de Thomas Hutter, j'ai immédiatement pensé à Polanski et à son "Bal des Vampires" dont le personnage principal ressemble à Hutter jusque dans ses mimiques. De façon moins évidente, on peut aussi penser aux films de monstres de Guillermo del Toro qui classa d'ailleurs ce film dans son top 10.
Enfin, on ne peut pas nier que ce film inspira fortement les films de la Hammer.


Pour un cinéphile, voir "Nosferatu le Vampire" sera forcément enrichissant pour mieux appréhender les films cultes qu'il a vu ou qu'il verra.
Il est donc aisé de comprendre pourquoi ce film garde une telle aura 94 ans après sa sortie.


Pour autant, il est important de nuancer le propos : ce n'est pas un chef d'oeuvre. Oui, le film est bien mais il a tout de même des défauts. En premier lieu, une certaine niaiserie dans les sentiments des personnages et une naïveté dans leurs comportements : Hutter a 100 000 indices qu'il va avoir à faire à un vampire et il fonce tête baissée dedans. De même, la romance entre Hutter et sa femme dégouline de bons sentiments un peu cucus. Face à la violence qu'a pu représenter ce film pour un spectateur des années 20, ce côté naïf fait un peu tâche.
En second lieu, je l'ai trouvé un peu long. Certaines scènes auraient pu être facilement coupées pour garder ce rythme posé mais ne pas ennuyer le spectateur par moment avec des scènes qui n'apportent rien à l'histoire.


Côté défauts, je m'arrêterai là car il y a plus lieu à louer le talent de metteur de scène de Friedrich Wilhelm Murnau qu'à descendre le film.
Nosferatu et ses apparitions sont magnifiquement mises en lumière pour trancher avec la pénombre ambiante. Même chose lorsque le metteur en scène joue avec l'ombre de Nosferatu et la taille immense de son comédien Max Schreder : Murnau accentue ainsi la menace et augmente l'angoisse du spectateur. Pour un film muet, c'est un beau tour de force !


Ainsi, il faut voir "Nosferatu" pour ce qu'il est : un classique du cinéma qui a inspiré de nombreux réalisateurs grâce à son réalisateur talentueux mais qui peut parfois être longuet et niais pour un spectateur de notre époque.

Elgato65
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le 29 déc. 2016

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