Considéré comme la continuation des Petits Mouchoirs, cette nouvelle production de Guillaume Canet nous fait partir en vacances dans le sud de la France, comme il y a neuf ans. Bien des choses ont changé depuis le premier film : certains se sont séparés, d'autres ont de nouvelles responsabilités à assumer, d'autres enfin restent fidèles à eux-mêmes. On sent bien que le personnage de François Cluzet a vieillit, tombé dans la désillusion. Comme tous les autres, il traverse une grande variété d'états, de l'euphorie aux idées noires, avec au passage une mélancolie agressive assez pernicieuse et malaisante.
Le film aborde ainsi, par ces péripéties de parisiens vacanciers, les divergences liées à la prise d'âge, la jeunesse joviale et festive à laquelle on s'accroche lorsqu'on s’aperçoit qu'elle s'est écoulée trop vite, un passé aimé qui n'est plus d'actualité mais auquel on ne souhaite pas renoncer. Par la même occasion, nous retrouvons distinctement des exemples typiques de différentes "catégories" sociales aujourd'hui observables en Hexagone : la jeune maman peu épanouie dans sa condition et esquivant autant que possible ses obligations, le riche homme d'affaire roulant en affreux SUV mazouté bien insipide aux plastiques moussés noirs et gris (qui se permet de dénigrer sans plus de scrupules que cela le bon prolétariat, ici présent dans l'unique but de le servir), le pote sympa et simpliste qui demeure le même en dépit des époques...
Néanmoins, quand on regarde ce long-métrage en ayant en tête le souvenir du précédent film, force est de constater que l'ambiance et les particularités qui faisaient l'identité des Petits Mouchoirs ne se retrouvent pas ici.
Pas de dramatique en suspens, pas d'hypocrisie morbide inavouée dans l'atmosphère, pas de culpabilité cynique amenant le spectateur à considérer des événements qu'il a lui-même pu vivre dans son propre parcours...
Les quelques conflits entre les personnages paraissent bien ordinaires et dérisoires, semblables à des querelles de grands adolescents.
La fin se révèle appréciable, bien que toujours assez gênante, à cheval entre épanouissement personnel et utopie frelatée de l'esprit en perdition.
Ce Vaudeville du XXIème siècle relève amplement le défit si on recherche un divertissement un peu plus subtil que les navets français habituels, dépourvus d'intérêt et de portée. Néanmoins, il échoue à incarner une comédie grave, aux sujets importants, aux protagonistes véridiques et à l'interprétation universelle. Dommage, il y avait pourtant matière à faire.