Ah, que nous l'aurons attendu ce Nymph()maniac! Ce marketing distillé par Lars Von Trier depuis le festival de Cannes, avec ses images interloquantes, ses vidéos courtes, à la fois explicites et totalement bizarres sorties du contexte, ou encore cette affiche de film déjà parodiée. Cette publicité qui semble avoir bien fonctionné, puisqu'hier, la salle où je me trouvais était comble, avec une population très hétérogène. Beaucoup se sont déplacés pour ce film censé déranger, sur lequel la censure a posé ses doigts crochus de ... Oups je m'égare!

Commençons par le début alors. Seligman (incarné par l'excellent Stellan Skarsgård), trouve Joe (Charlotte Gainsbourg) dans la rue, rouée de coups sous une musique de Rammstein, qui surprend dans le contexte. La ramenant chez lui dans un geste de pure générosité (perso, je ne l'aurais pas fait), elle se met, en contre partie, à lui raconter l'histoire de sa vie, décliné en 8 chapitre. Le Volume 1 ne s'attardant que sur les chapitres 1 à 5.

Ce film est beau. Je ne vois pas comment le décrire autrement. Lars a un talent plus que certain pour la mise en scène. L'esthétique certaine des décors, des personnages, des scènes de sexe, vous rend cette impression de réalisme absolument saisissant. Petit bémole en revanche, concernant le tout premier décor, mon ressenti est que l'on se situait plutôt dans un décor en carton pâte qu'autre chose, mais après, le reste est impeccable.

Passons au plus important, l'intrigue. Le duo Charlotte Gainsbourg/Stellan Skarsgård engagé dans un match de ping-pong rhétorique est attirant et très bien fait. La façon dont Joe découpe les chapitres de sa vie en fonction d'objets que aperçoit dans la chambre est plutôt bien trouvé et crédible. Quant à Seligman, analysant sa vie à l'aide de sa culture littéraire, musicale et historique, c'en est tellement intriguant qu'on se demande si Lars n'en a pas fait un peu trop (un homme aussi cultivé et compréhensible qui tombe sur une femme aussi complexe, l'héberge, la soigne et analyse sa vie, c'est un peu gros non?).
Dès le début, on comprend où le réalisateur veut nous emmener. L'addiction sexuelle, que beaucoup pourrait considérer comme une fausse addiction, commence à la façon d'une drogue, sous le jeu de Stacy Martin (excellente d'ailleurs dans son rôle, au même titre que Charlotte): amusante, facile, sans conséquence et jubilatoire. Mais comme toute drogue, il y a toujours un mauvais côté, et les retombés, bien que le volume I coupe le film en plein milieu, commence déjà à se faire ressentir: l'amour pour Monsieur H (campé par Shia Labeouf), ce petit cadre imbu de sa personne, Madame H (Uma Thurman, mon coup de coeur du film tellement son jeu est bon!) dans sa scène qui met plus que mal à l'aise, ou encore la découverte de Joe à la fin du volume 1 (que je ne spoilerais pas). Bref, le sexe est une drogue facile au début, mais sans doute Lars veut-il nous montrer également ses effets les plus pervers sur le long terme. Mais tout n'est pas que sexe, dans ce film, puisqu'on se trouve à apprécier également les passages où Joe évoque son père (Christian Slater), ou encore son refus de se conformer à cet idéal de l'amour imposé par la société.

Le film se coupant en plein milieu, impossible d'attribuer une meilleur note pour l'instant à ce film qui, s'il avait été entier en 5h, aurait vraiment été trop long (je commençais à me demander quand cela se finirait). En revanche, la justesse des acteurs, dont on sent vraiment l'implication juste et impeccable, l'oeil de Lars pour son esthétique troublante et sensuelle, penchant pour le glauque ou le sensuel, le cru ou le glamour, font que ce film est une réussite. Mais attendons la deuxième partie...
Synced
7
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le 5 janv. 2014

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