J. Kosinski, réalisateur prometteur, ravira les fans de S-F avec son film visuellement magnifique.

Visuellement magnifique, "Oblivion" ravira les amateurs de science-fiction. Après "Tron L'Heritage", Joseph Kosinski s'impose comme un nouveau réalisateur du genre, débutant mais prometteur.

"Tron L'Héritage", premier film de Joseph Kosinski, était une bombe au niveau des effets spéciaux, des décors, des costumes, des designs et des éclairages. Ses images futuristes, accompagnées d'une B.O. signée Daft Punk, étaient on ne peut plus réjouissantes. Le scénario, quant à lui, laissait fortement à désirer. "Oblivion" nous confirme ce qu'on ne pouvait jusqu'alors supposer : le réalisateur Joseph Kosinski est avant tout un technicien soigneux du visuel et des sonorisations, et non un conteur.

Les fans de science-fiction trouveront leur compte dans ce film beau au regard et sans cesse surprenant, d'autant plus que celui-ci présente moins d'images de synthèse que ce que l'on ne pourrait croire. Nombreux sont les décors tournés en lieux réels, les effets spéciaux faits à l'ancienne et les cascades exécutées en live. A cela se rajoutent de magnifiques musiques composées par M.8.3, calmes mais puissantes ! Le résultat est tout bonnement impressionnant, futuriste, stylé... Un résultat – pour l'aspect visuel – que l'on doit en partie à Claudio Miranda, directeur de la photographie en vogue pour l'instant ("Life of Pi", "L'étrange Histoire de Benjamin Button", "Tron L'Héritage"...), mais aussi à Joseph Kosinski lui-même, passionné d'architecture, et à Arvid Nelson avec qui il a coécrit le roman graphique "Oblivion" avant de le soumettre à des producteurs, avec sa vision déjà toute faite de l'univers du film.

Si tout le côté audiovisuel technique est vraiment maîtrisé, on ne peut malheureusement pas en dire autant du scénario. L'histoire n'est nullement simpliste mais est, au contraire, fort ambitieuse. Cette ambition se ressent fort à l'écran, et ce dès le début où Joseph Kosinski nous bombarde d'une voix off qui explique ce qu'il s'est passé sur terre pendant tout ce temps et nous présente le personnage de Jack Harper et sa collaboratrice, en guise d'introduction au film. Joseph Kosinski a envie de créer une histoire riche, complexe, différente de ce qui a déjà été vu, avec des rebondissements, des découvertes, des changements de situation et même des significations et des messages sous-jacents à caractère philosophico-humaniste. Mais ce n'est pas parce que son histoire est fort intéressante, riche et complexe, que ça fait de lui un bon conteur !

Le récit se perd dans des lourdeurs scénaristiques, à force de nous assomer d'une voix off un peu trop présente, descriptive et au final difficile à suivre, mais aussi à travers des longueurs au niveau du montage – surtout pour les scènes d'amour. Contrairement à "Tron L'Héritage", "Oblivion" reste très sage au niveau des scènes d'action et c'est là un atout du film. Mais, du coup, les longueurs se font ressentir, d'autant plus que le récit n'est pas toujours structuré, et nous fait parfois revoyager vers des lieux ou des situations qu'on a déjà vues. Les retournements de situation et l'intrigue générale du récit – fort intéressante – nous donnent trop d'espoir par rapport à un final qui, quoique heureux et bien fiscellé, se montre un peu en deçà de nos espérances. Le gros défaut d'"Oblivion" reste cette fâcheuse manie débutante et paresseuse de vouloir tout expliquer à travers des voix off et des flashbacks.

A part cela, le scénario repose avant tout sur les acteurs. Tom Cruise interprète à merveille – comment ne l'aurait-il pas pu – le personnage de Jack Harper, écrit justement pour que ce soit lui qui l'incarne à l'écran. A côté de lui, Morgan Freeman et Olga Kurylenko se montrent fort convainquants dans leurs rôles, mais c'est après tout Andrea Riseborough qui nous offre l'un des meilleurs jeux d'actrice du film. En résumé, l'histoire se déroule dans un futur où l'humanité a triomphé d'envahisseurs ennemis et dont les survivants ont été évacués vers une autre planète. Seuls Jack Harper (Cruise) et sa compagne (Riseborough) restent afin d'assurer le bon fonctionnement de drônes programmés pour inspecter certaines zones terrestres infestées par des résidus du clan ennemi, les Scavs. Jack Harper, seul à se rendre sur la surface afin de réparer les drônes, va finir capturé par les Scavs et découvrira bien des choses qu'il ignorait, sur l'humanité, sur l'autorité pour laquelle il travaille, et aussi sur la femme qu'il revoit fréquemment dans ses rêves et qu'il va rencontrer (Kurylenko).

Si le récit se veut porteur d'un message philosophique sur la nature de l'homme par opposition à la technologie, le tout accompagné de valeurs telles que l'amour et de sujets d'actualité - surtout aux Etats Unis - tels que les drônes et la bombe atomique, "Oblivion" nous ouvre le champ vers des questions mais n'y répond jamais. Le tout se résume à l'écran par des bribes d'information à priori intéressantes, mais qui ne méritent pas la qualification de "philosophiques". Après tout, "Oblivion" demeure un blockbuster avec des acteurs célèbres, et Kosinski nous présente à plusieurs reprises un style commercial américain cliché beaucoup trop appuyé.

En résumé, "Oblivion" est un film fort intéressant et plein de qualités (surtout au niveau audio-visuel) mais qui n'atteint pas le niveau escompté. Joseph Kosinski s'impose désormais comme un réalisateur de science-fiction fort prometteur. Un peu moins d'impulsion et plus de réflexions, voire de collaboration et de conseils, pourraient s'avérer utiles pour la réalisation de son prochain projet (probablement une suite de "Tron"). Dans tous les cas, "Oblivion" nous montre que ce jeune réalisateur est capable de mieux !
Ciné-Look
7
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le 22 avr. 2013

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