Stephen Sommers n’est pas du genre à transcender le cinéma Hollywoodien, malgré son court-métrage « Perfect Alibi » très prometteur. Il a néanmoins permis un bon nombre de divertissement en réalisant ou en scénarisant au début de sa carrière, avant de lancer sa boîte de production. « Les Aventures d'Huckleberry Finn » et « La Momie » sont assez représentatif de ce qu’il peut offrir de mieux et il cherche toujours à se relancer. Ce dernier film l’amène pourtant vers une porte à peine entrouverte pour qu’il puisse faire part d’une nouvelle expérience à sensation. Ce qu’il explore avant tout n’est pas forcément dans le fond, mais dans la forme. Plus les écarts entre ces deux piliers sont importants, plus la maladresse s’empare de ses films, notamment les plus audacieux.


Il revient alors sur quelque chose de plus simple. L’adaptation du roman éponyme de Dean Koontz met en scène un héros malgré lui, mais le film détourne légèrement ce concept. Odd Thomas, campé par l’appréciable et regretté Anton Yelchin apporte de la fraicheur, une fois la laborieuse introduction en voix-off passée. Poussé à agir par un don de médium, il finit par épouser son destin et fait sa propre justice, tel un mercenaire de l’ombre. Jusque-là, l’aspect guerrier n’a pas de quoi séduire plus que cela, mais c’est justement la générosité qu’il propose qui noue un lien puissant entre ce personnage clé et le spectateur. De même, il est accompagné de la charmante Stormy Llewellyn (Addison Timlin), qui enrobe de glamour la réussite d’un héros qui prend premier degré le sens des responsabilités. Et c’est sans doute un des points fort dans l’évolution d’un personnage qui part du sommet et qui avance inévitablement vers une maturité encore plus saisissante.


Il s’agit d’un super-héros, sans masque et sans « pouvoirs » finalement sur ce qui peut arriver. Il a beau porté le badge du justicier discret et ingénieux, mais il est souvent recadré par la réalité. Le Chef Porter (Willem Dafoe) participe justement à cela et fait en même temps le point sur la situation d’Odd. Il est un peu comme le reflet de cette œuvre qui ne sait pas toujours sur quel pied danser, en mariant les genres. D’un action-movie à une comédie légère, on passe par l’aspect horrifique du surnaturel, qui flotte parfois trop au-dessus de notre tête pour qu’on le remarque en tant que tel. Ce manque d’ajustement peut notamment justifier le ressenti, presque inoffensif d’un film qui se cherche encore, tout comme le héros aux milles pensées. La mise en scène suggère tout le temps cela, car on nous placer délibérément dans la tête de ce dernier afin de ponctuer le suspense et l’émotion adéquat. Le tout inspire une certaine sagesse qui n’est pas toujours palpable, mais que l’on comprend, sans qu’il y ait forcément un voix-off explicative pour baby-sitter un spectateur en manque de concentration.


A l’image de son héros, « Odd Thomas » a le droit d’échouer, mais pas d’abandonner. C’est justement cette nuance qui renforce sa crédibilité, car le changement de ton sur le dernier tier du film accepte certains compromis qui n’ont rien à envier aux précédentes œuvres de Sommers. L’effort est réel et il est reconnu, grâce à un montage dynamique, fluide et qui ne transpire pas plus qu’il n’en faut dans les transitions importantes. La série des huit romans possède en réalité du potentiel et le film mériterait plus de curiosité. Etant directement propulsé en VOD, il faut pouvoir se donner la chance de s’y intéresser et de l’apprécier. Mais ce n’est qu’à mi-chemin qu’on se laissera surprendre par un discours de deuil et d’un bel hommage à ce monsieur tout le monde, qui se bat tout simplement parce qu’il le peut.

Cinememories
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le 16 mai 2020

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