Maladroite et stéréotypée, cette comédie fantaisiste, premier essai du romancier et dramaturge Eric-Emmanuel Schmitt derrière la caméra, philosophe vainement sur la recette miracle du bonheur. Beaucoup de soupirs, mais quelques sourires.

Odette Toulemonde, mélange improbable entre Mary Poppins et Amélie Poulain, mène une vie désespérément banale à Charleroi, toutefois illuminée par les romans de Balthazar Balsan, écrivain populaire mais méprisé par le tout Paris. Manichéenne et schématique, l'opposition est claire : la France d'en haut contre la Belgique d'en bas. La vacuité du succès et de l'argent contre le les plaisirs simples. Cette vison simpliste amène son lot de clichés sur Paris (speed, intellectuel et bourgeois) et la province (triste, ringarde et ennuyeuse). La rencontre des deux personnages amène la confrontation de ces deux mondes. Qui en ressort gagnant ? Pas le spectateur en tous cas.

Malgré de jolies idées de mise en scène et quelques dialogues savoureux, Odette Toulemonde péche par excès d'envie. Envie de trop bien faire (une comédie drôle et réfléchie), de tout montrer (les lévitations d'Odette Toulemonde à la lecture des romans de Balthazar Balzan) et d'être original à tout moment (les agaçantes et incessantes chorégraphies de l'héroïne). Si le film possède un certain charme, il le doit essentiellement à ses deux interprètes principaux. La folie mélancolique de Catherine Frot et la fragilité décalée d'Albert Dupontel font toujours autant merveille.

Le délicieux univers kitsch d'Odette Toulemonde est gâché par de caricaturaux (le fils homosexuel assumé et la fille aigrie) voire inutile (Jésus, qui fait tout comme le vrai) personnages secondaires. Eric-Emmanuel Schmitt prouve par son premier long-métrage que la bonne humeur n'est pas forcément communicative. On sent l'indéniable envie de cinéma de l'écrivain et dramaturge à succès (Le Visiteur, Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran ou Petits crimes entre amis...), mais le charme n'opère pas à l'écran. Odette Toulemonde, le film que l'on aurait aimé adorer.
Aede
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le 29 juil. 2010

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