"The Spy Who Tried to Stop a War"

Official Secrets. Je n'en avais jamais entendu parler, mon père choisit le film sans en savoir plus que moi (lui qui préfère mettre des séries d'ordinaire) et l'on se retrouve plongé dans cette histoire véridique.

La guerre en Irak, j'étais un peu jeune à ses débuts. Dans les années qui ont suivi, j'ai surtout gardé en souvenir l'image désastreuse de Bush chez nous. Par la suite, les œuvres ont souvent abordé le fiasco diplomatique du point de vue américain, parfois français avec le discours de Villepin. Ici, les anglais reviennent sur leur participation et sur le cas très particulier d'une trahison d'Etat. Katharine Gun, employée des renseignements britanniques, fait fuiter des documents émanant de la NSA demandant l'aide du MI6 pour faire basculer le vote à l'ONU par tous les moyens, et notamment la mise sur écoute des membres du conseil de sécurité à des fins illégales.

On peut découper le film en 3 parties, de tailles inégales, mais d'enjeux radicalement différents. La première correspond au cheminement qui va conduire notre espionne jusqu'ici fidèle à son pays, à le trahir. Les enjeux d'une guerre dans la balance, la morale face à la loi, le poids des conséquences, les mensonges des politiciens… C'est finalement la partie la plus psychologique, car on est ici avant l'action, avant l'élément déclencheur, et l'on suit une employée dans son quotidien. Jusqu'à l'envoi d'une lettre. Le sort en est alors jeté.

La seconde a l'originalité de délaisser notre héroïne. On y suit l'enquête des journalistes pour s'assurer de la fiabilité d'un tel document. C'est le cheminement logique, du lanceur d'alerte à ses relais dans le quatrième pouvoir, le travail délicat de journaliste, à naviguer entre démentis gouvernementaux et sources anonymes, liberté de la presse et censure au nom de la sécurité nationale.

L'Histoire étant ce qu'elle est, malgré la fuite, la guerre a commencé, et les soldats britanniques y ont pris part. Il ne s'agit donc pas de nous montrer en troisième partie les conséquences sociétales de la révélation, mais de nous recentrer sur notre espionne. Courageuse jusqu'au bout, elle assume ses actes face à son employeur et se retrouve face à un gouvernement qui souhaite la broyer, en faire symboliquement une fusillée pour l'exemple. L'Etat face à la Nation, on entre dans une bataille judiciaire aussi intéressante que tendue, et dont l'issue véridique a quelque chose de profondément inspirant.

C'est un film finalement assez simple et sobre, qui repose pour partie sur le côté choc des faits qu'il relate, mais il ne devient vraiment passionnant à regarder qu'avec son casting impeccable. Keira Knightley. L'actrice qui depuis ses débuts précoces au sommet du box-office n'a jamais failli, sans-faute complet, quelques films en-dessous mais corrects, une majorité bons, et beaucoup de perles. Elle est encore une fois impeccable, saisissante d'émotions tout du long. Toujours aucun oscar à son actif, véritable DiCaprio au féminin. Matt Smith est plutôt convainquant en reporter mais l'autre pilier du film demeure principalement Ralph Fiennes. Avocat au service du bien public, protégeant une accusée s'étant dénoncée elle-même et qui va pourtant chercher à montrer non seulement son innocence, mais aussi et surtout le bien-fondé de son acte.

A la réalisation Gavin Hood. Honnêtement ça ne m'étonne pas tant que ça, car j'ai eu certaines sensations proches de ce qu'il avait pu me donner avec Ender, quoique les rythmes soient très différents. Mais ce style de proposer un récit puissant dans une forme austère, avec un cheminement psychologique digne d'une odyssée pour le personnage central, malmené par les événements mais faisant toujours face, je l'apprécie sincèrement.