Tout est bon dans le cochon... Mais pas dans "Okja" !

A l'écriture de cette critique, je ne sais par où commencer tant ce long-métrage regorge de défauts. Commençons par résumer le film: il s'agit là d'une satire sociale sur la société de consommation et notre rapport à la viande. Dans un futur proche, pour répondre aux estomacs d'une population grandissante, on met au point des cochons géants génétiquement modifiés, élevés aux quatre coins du monde par des éleveurs approuvés. Okja est l'un de ces cochons destinés à l'abattoir, qui grandit aux côtés d'une petite fille du nom de Mija; cette dernière, de son jeune âge innocent, ne se doute évidemment pas du sort qui lui est réservé.

On rentre à présent dans les travers du film, et ils sont nombreux (vous apprécierez le jeu de mots :p ).

Tout d'abord, le film est tourné via le prisme de la fillette, attachée à l'animal comme à la prunelle de ses yeux. Le réalisateur a tenté de créer une empathie vis-à-vis du super-cochon en retraçant sa vie, son dévouement pour sa maîtresse, et les liens de tendresse qui les unissent... C'est vrai que c'est mignon un cochon de 20 pieds de haut, qui engloutit à lui seul la moitié des récoltes du paysan et qui détruit tout son environnement sur son passage... Cette relation paraît purement factice, et laisse le spectateur totalement étranger et insensible : aucune émotion éprouvée pour ma part.

Dans un second temps, on assiste à ce que j’abhorre le plus: une réalisation biaisée pour faire passer un message moralisateur. Cela m'étonne que ce soit Amazon qui ait produit ce long-métrage et pas L214. On efface d'un revers de la main les problèmes de famine qui sévissent, on balaye le plaisir que procure le goût de la viande en bouche, on exclut toute pensée antagoniste pour se concentrer exclusivement sur un axe: celui du Bien et de la Protection des Animaux. Les méchants Humains mangent les autres espèces sans état d'âme; la gentille Mija est le reflet d'une nouvelle ère prospère pour les Animaux.

Enfin, je ne vais pas trop passer de temps sur le caractère caricatural du parti adverse (les "pro-viande") qui ne sont représentés que par des marionnettes via la société à l'origine de ces super-cochons. Chaque apparition les décrédibilise, avec des mises en scène dignes de sketches ratés (particulièrement Jake Gyllenhaal, que je trouve excellent par ailleurs, se révèle d'un pathétique assumé) et des jeux d'acteurs à couper au couteau. Ce qui m'a le plus choqué est la longueur du film: 2h d'une trame convenue, de scènes aussi lentes qu'inintéressantes, un message orienté et d'une finesse qui se rapproche d'Okja, et aucune inspiration sur les scènes d'actions qui ne transcendent rien...

Bref, très déçu par ce film. Les notes semblaient prometteuses, mais pour ma part, pas du tout emballé. A ne regarder que si vous êtes végan militant, avec peu d'attente sur le scénario.