Je ne peux pas résister à l'envie de faire dans la lourdingue et cradingue comparaison, participer à l'ignoble jeu stupide du "c'était mieux avant", discours de vieux cons trop vieux pour ces conneries.


Mais enfin, si le cinéma a traversé d'incalculables vagues et révolutions, il n'en reste pas moins qu'il se constitue comme un tout, mouvant, versatile, intégrant malgré les divergences toutes les diversités possibles et inimaginables. Et c'est tant mieux, dira-t-on, car le cinéma est un art, qui traverse une période difficile en ces périodes pourries par le fric et les intérêts de parasites.


D'où, d'ailleurs, une forme de désintérêt pour la note, car après qu'est-ce qui différencie un film noté 4 d'un film noté 6, enfin chez moi, il y a des films de meilleure qualité notés 4, alors que de simples films hamburgers sont notés 6. Comme quoi, le monde, c'est vraiment de la merde.


Mais alors, pour quelle raison tout ce verbiage pseudo intellectuel, me direz-vous ? Mais parce qu'au fond, le cinéma constitue un tout, et oui, on juge sur la même échelle les ratés d'Ed Wood comme les chefs d'oeuvre de Kurosawa, les expérimentations d'un Georges Méliès de la même manière qu'un foutage de gueule bessonesque.


Et alors, présentement, d'expliquer en quoi les charges sociales ont toujours été un sujet brûlant, surtout lors des années post-seconde guerre mondiale (Mai 68 n'est pas arrivé en France juste pour des lubbies pédophiles, contrairement à ce que certains essaient de faire croire).


De là, il est intéressant de pouvoir un peu jauger ce que nous avons pu faire dans le passé, et ce que nous faisons aujourd'hui. Le résultat va certainement Brizé nombre d'adeptes du cinéma franchouillard d'aujourd'hui, mais que voulez-vous, c'est la vie: La régression est la norme.


Là où nous avons des cadres, variés, étudiés, classiques sans être académiques, avec une magnifique profondeur de champ, des couleurs,


Nous avons un truc terne, flou, vide de sens et sans diversité.


Là où nous avons un jeu dramatique ciselé et intelligent, avec une vraie progression (La jeune actrice blonde ratée, Fonda, le marin...),


Nous avons Lindon obligé de porter à lui tout seul le film, les autres (des amateurs ? Cela ne justifie rien dans le cadre d'un film censé être professionnel, mais enfin...) surnageant maladroitement dans leurs textes d'une vacuité et bêtise confondantes.


Là où nous avons une métaphore subtile et une prise de position radicale sur le sujet (la mise en compétition des pauvres pour quelques misérables dollars via un concours de danse interminable et voyeuriste),


Nous devons nous taper l'absence de point de vue et de réflexion sur un sujet pourtant essentiel, encore plus, je dirais, à notre époque, une dépolitisation du sujet alors qu'il s'agit, justement, d'un sujet on ne peut plus politique (ce qu'avait d'ailleurs saisi aussi Dirty Bob dans son Empereur Du Nord, très bon film sur la condition humaine également).


C'était mieux avant, en effet. Les sujets étaient pris à bras le corps, la crasse assumée, il y a un sens de l'esthétique, une vision qui n'est plus aujourd'hui, écrasée par ce cinéma consensuel qui ne doit rien remettre en cause, et si il le fait ne pourra jamais, ou très difficilement, se faire financer.


On achève bien les chevaux ? Ce serait bien de faire de même pour le cinéma d'aujourd'hui.

Bung
8
Écrit par

Créée

le 27 oct. 2015

Critique lue 83 fois

Bung

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