Il est intéressant de regarder les deux films Ouija à la suite car ils sont chacun les représentants de ce qui se fait de mauvais et de bons dans le cinéma d'horreur. Le premier opus réalisé par Stiles White avait été un joli succès avec plus de 100 millions de dollars au box-office mondial pour seulement 5 millions de budget. Par contre, les critiques avait été désastreuses. Pas fou, Jason Blum, le producteur, s'est dit qu'il y avait probablement un bon cou à faire ici pour récupérer quelques dollars de plus, mais si possible avec un meilleur long-métrage histoire d'éviter les mauvaises critiques


C'est là qu'arrive Mike Flanagan pour qui l'année 2016 aurait été une année chargée avec la sortie de trois de ses films, Pas un bruit, Ne t'endors pas et donc Ouija: Les Origines. Flanagan est un passionné de films d'horreur et il sait comment les faire. C'est à lui que Jason Blum confie le projet de faire un nouveau long-métrage sur la planche Ouija. Le cinéaste américain va donc co-écrire avec Jeff Howard ce prequel et le réaliser. Le box-office sera un peu moins généreux avec "seulement" 80 millions de dollars de recette, pour un budget de 6 millions. Ça reste donc un gros succès et surtout, les critiques ont été bien plus positives que pour le premier volet.


Là où ça devient intéressant, c'est que les deux films sont très différents l'un de l'autre dans leur construction alors qu'ils partent de la même idée. Ce sont deux films d'horreur dans lesquels il est question d'esprits qui vont tourmenter les personnages jusqu'à les tuer. Pourtant, l'un est un bon film d'épouvante et l'autre non.
Le premier Ouija est une production basique comme on en retrouve beaucoup dans le cinéma d'horreur actuel, qui se base essentiellement sur l'utilisation des jump-scares pour surprendre le public et tenter de faire croire aux spectateurs que le film qu'ils regardent est effrayant. Ce premier opus était raté car chaque jump-scare se voyait venir à des kilomètres, enlevant par conséquent tout effet de surprise. De plus, le film n'essayait pas de vraiment inquiéter le spectateur mais juste de le choquer très maladroitement avec des scènes de mort peu inventives et pas particulièrement bien filmées. Le film consistait donc à voir comment chacun des personnages allait mourir sans même avoir le temps d'apprendre à les connaître et encore moins de s'attacher à eux. Un peu comme un mauvais slasher des années 80.


Alors que le deuxième épisode est quant à lui bien meilleur car il ne cherche pas à réveiller son public tous les quarts d'heure avec des scènes supposément violentes et marquantes. Non, Mike Flanagan, lui, va construire une vraie ambiance pour son film. Une ambiance qui va s'alourdir progressivement au fil du récit afin de faire monter la tension. Et la première mort n'arrivera finalement que très tard dans le film, ce qui la rendra bien plus impactante car elle aura alors une vraie importance.
Dans les deux premiers actes de son long-métrage, en plus de construire son ambiance, le réalisateur de Doctor Sleep va également présenter les personnages, nous faire passer du temps avec eux afin que l'on s'attache à eux et que plus tard, dans le troisième acte, on s'inquiète pour leur survie au lieu d'assister à leur potentiel mort insensiblement. A ce propos, respect à la jeune Lulu Wilson qui est à la fois adorable et effroyable.


Les deux films Ouija permettent de voir la différence entre un mauvais et un plutôt bon film d'épouvante. Le premier accumule les scènes qui sont censées être choquantes, de peur que le public s'endorme et parce qu'il n'a rien d'autre à raconter. Alors que le second va chercher à construire une ambiance oppressante et proposer de nouvelles idées pour évoquer l'horreur sans en faire des caisses. Ouija: Origin of Evil fait partie de cette seconde catégorie. Le film est perfectible, indéniablement, il contient quelques cliché du cinéma d'épouvante et quelques jump-scare là encore prévisibles. Mais il est sûr de lui, de son histoire, il essaye de proposer de nouvelles idées même si toutes ne sont pas forcément excellentes, il ne prend pas ses personnages pour des idiots ou des pions à sacrifier et il sait qu'il n'a pas besoin d'être violent ou sanglant pour être bon. Il souffre toutefois de son statu de prequel puisque l'on connait la fin avant même de commencer le film si on a vu le premier opus avant. Néanmoins, il y a là aussi une marque de qualité car bien que l'on sache où se dirige le récit et que la fin est inévitable, on en vient presque pourtant à vouloir que cette fin soit différente, quitte à être complètement incohérente avec l'autre film qui, de toute façon contenait déjà son lot d'incohérences.

Chuck_Carrey
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le 15 nov. 2020

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Chuck_Carrey

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