C'est précisément ce qui m'avait frappé chez ce cinéaste : la fière volonté de finement capturer une ambiance réelle, où du moins une ambiance pertinente avec le monde réel, pour les plus pragmatiques d'entre vous.
C'est à travers son travail de mise en scène porté sur Comancheria, que David Mackenzie montre cette intention de reproduire avec sobriété et rigueur la réalité d'un contexte social et sociétal, ou bien celle d'une époque historique révolue ; il sera question de se priver de tout effet moderne (image granuleuse, effet de contraste et saturation prononcés etc.), de tourner le dos à tout style graphique purement esthétique largement utilisé ces dernières années, et de s’accommoder de la lumière naturelle d'un lieu de tournage.
Et c'est fonctionnel, puisque cette prise de position graphique figure comme l'une des principales forces de Comancheria, qui reconstitue le mode de vie rural de riverains marginaux et déchus de la grande et puissante société américaine. Le cinéaste récidive avec cette fois-ci la représentation d'un épisode historique clé de l'Ecosse du XIVe siècle : Outlaw King. Et quel plaisir pour les yeux. [Les mauvaises langues diront que les paysages écossais sont photogéniques, ce qui ne sera pas tellement faux comme observation...]


Qu'en est-il donc ? Sérieusement ça fonctionne dans l'ensemble. Tout d'abord, D.Mackenzie donne la claire intention de séduire son public dès son introduction en nous immergeant dans ce long plan séquence couplant discours politiques, scènes de guerre et duel à l'épée.
En somme, il s'accorde lui-même quelques minutes pour montrer de quel doigt il se chauffe. Il y exposera d'entrée de jeu la quasi-totalité des éléments faisant la renommée d'une belle épopée chevaleresque ; discours politiques sous la tente, épées brièvement maintenues à une seule main, le front de guerre, les remparts... Paf. Allez on rentre. Mais non il reste 1h40 de film encore, voyons... Enfin voilà, toute une intro pour montrer finalement qui est derrière la caméra... Eh McGee, on sait que c'est toi derrière la caméra ne t'en fais pas...


Deux heures s'écoulent et nous sommes parvenus aisément à rester scotché devant ce long-métrage. Les yeux, rivés vers l'écran jusqu'à présent, se tournent soudainement vers la fenêtre... Il fait déjà nuit dites-moi ! Ah ça nous l'a tous fait avouez-le, ou périssez les triples à l'air, corde au cou...
Trêve de plaisanteries. Ce film est bon, et on en remerciera la direction artistique ainsi que le soin particulier apporté aux batailles, aux meurtres dont un particulièrement mémorable. On vous avez prévenu, c'est McGee qui est derrière l'écran et il crie à ses collaborateurs qu'il souhaite du réalisme. Ok on t'entends McGee..
Le réalisme en veux tu, en voilà... Mais pas trop, pour les chevaux. Il y aurait-il eu encore des morts sur le tournage chez nos amis figurants équins, ou même des maltraités ? Chose à laquelle je m'y opposerais même au nom de l'art et de la justesse de représentation.


Cette prise de position de la part du cinéaste à vouloir être davantage dans le réalisme plutôt que dans la romance, l'amène semble t-il à se retrancher dans quelques sacrifices scénaristiques : ce sont ces séquences tronquées qui sont là pour servir la chronologie des événements - l'Histoire l'oblige - mais qui ne font finalement que remplir les cases, sans réellement apporter de vives émotions.
Les enchaînements de plan sont brutaux, mêmes si certains seront compensés par quelques-uns de ces beaux travelling aériens survolant de près le couvercle végétal écossais.
Est-ce dont McGee que je vois, se négliger dans sa réalisation ? Où est-ce ses hauts associés qui l'auraient forcés à revoir la durée de son oeuvre ? Ce serait, dans ce cas précis, le réalisme défiguré à visage mackenzinien que nous aurions-là.

Jordan_Michael
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le 18 nov. 2018

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