Casualties of War constitue - à l'instar de Blow Out et de Carlito's Way - l'un des sommets artistiques de l'Oeuvre intarissable de Brian De Palma.


Charge cinématographique particulièrement courageuse adressée aux instances américaines de la Guerre du Vietnam et aux hommes de terrain ce film éprouvant commence aux lendemains du Watergate, dans l'intimité d'une rame d'autobus : Eriksson, jeune citoyen américain, aperçoit sur un siège lui faisant face une belle inconnue... et se souvient. S'ensuit un immense flashback au cours duquel tout le périple du jeune soldat fait l'effet d'un cauchemar fondé sur le principe de la double contrainte. Eventuel conte initiatique sur l'affrontement des horreurs exécutées sur le compte de l'armée Casualties of War nous place de fait du côté de Eriksson, personnage moralement irréprochable car délibérément incorruptible, capable de tenir tête à des supérieurs aux agissements barbares tout en réfutant l'idée d'une désertion ou celle d'une mutinerie dans le même temps. Défendant admirablement ce personnage lumineux mais terriblement impuissant Michael J. Fox trouve là l'un des plus beaux rôles de sa carrière, aux côtés d'un Sean Penn météorique, d'un John C. Reilly impeccable en troufion inconscient de la situation et d'un John Leguizamo parfait en soldat lâche et versatile.


Casualties of War frappe par son lyrisme et sa dimension intimiste, dissertant intelligemment sur un cas particulier au point d'élargir sa réflexion en interagissant avec son audience. Brillamment inductif le discours de ce drame épique témoigne d'un sens de la nuance et du contrepoint particulièrement bienvenu, savamment étayé par un montage remarquable de précision et d'inventivité. Formellement moins démonstratif qu'une bonne partie des autres oeuvres du cinéaste américain Casualties of War repose donc davantage sur l'identification au protagoniste et sur sa capacité d'action. Souvent éprouvante et - à notre sens - largement supérieure aux plus reconnus Apocalypse Now et Full Metal Jacket cette oeuvre est qui plus est magnifiée par la composition bouleversante du grand Ennio Morricone et la photographie tranchée de Stephen H. Burum.


Il reste certainement le film le plus audacieux jamais réalisé sur la Guerre du Vietnam, celui dans lequel Brian De Palma prend le plus de risques sur le plan idéologique. Théorique et pratiquement efficace d'un bout à l'autre ( le final est un indescriptible sommet d'émotions ) Casualties of War est un incontournable de l'auteur de Carrie et de Dressed to Kill : à voir impérativement !

stebbins
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le 15 mars 2018

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