Alejandro Amenábar m'avait déjà prouvé ses capacités de réalisation avec Les Autres et il ne fait que confirmer son talent avec Ouvre les yeux, dont il est également scénariste. Il livre ici une histoire qui emporte le spectateur dans le même cauchemar que son personnage principal.
Ce qu'il faut retenir de ce film c'est sa construction non-linéaire qui est vraiment originale. Elle prend littéralement la forme d'un puzzle : le réalisateur commence par nous présenter les différentes pièces (des scènes qui n'ont pas l'air d'avoir grand rapport entre elles) puis, dans un second temps, passe à l'assemblage et constitue une image qu'on ne pouvait distinguer au début. C'est d'ailleurs à ce moment que le personnage principal commence à douter, que les apparences deviennent floues et l'aventure s'enfonce dans quelque chose de résolument plus sombre.
Beaucoup d'enjeux du film reposent sur le point de vue, un thème que j'affectionne tout particulièrement. Des questions comme "Qui est Sofía ?" ou bien "Comment est réellement le visage de César ?" ne trouveront pas qu'une seule réponse, et leur sens évoluera au fur et a mesure que l'histoire avance. Amenábar multiplie les références visuelle à cette idée, comme par exemple la douche ou le moment des photos.
Porté par une réalisation qui s'assombrit de plus en plus, Ouvre les yeux possède néanmoins un dénouement serein, qui permet au spectateur de faire le point sur ce qu'il a traversé et de réfléchir sur la frontière ténue entre réalité et fiction.