Après avoir donné une progéniture à Aldo Maccione dans Aldo et Junior (1984), Patrick Schulmann se lançait dans ce film original pas si éloigné des Sous doués de Claude Zidi (1980). Le film repose en grande partie sur des gags, des petites scénettes du quotidien et des stratagèmes pour rendre les journées scolaires un peu plus amusantes. La différence étant qu'ici ce ne sont pas les élèves qui parasitent les cours, mais les professeurs eux-mêmes.
Quatre personnages menés par le roi du poker Patrick Bruel qui vont liquider un par un les personnes qui les dérangent dans le lycée, allant de la bibliothécaire chiante qui a le béguin pour Laurent Gamelon (Charlotte Julian) à la professeur de chimie aux méthodes radicales (Chantal Neuwirth), en passant par un professeur de mathématiques particulièrement douteux (Guy Montagné). P.R.O.F.S. va assez loin dans son délire, Schulmann montrant ses héros prêts à faire les pires crasses possibles pour avoir leur lieu de travail idéal. La seule victime collatérale de nos cocos sera le personnage d'Isabelle Mergault, qui nous offrira auparavant un superbe cours sur le bruit des chouettes lors de la saison des amours. Tous les autres sont montrés comme des êtres détestables ou pénibles.
Mais le groupe de profs n'est pas sans défaut non plus. Bruel incarne un professeur pas si éloigné de celui que croquera Toru Fujisawa dans le manga GTO (1997-2002), faisant ses cours à sa manière et dragueur indéniable amateur de la troisième main. Gamelon joue un professeur d'EPS aux sports génialement fantaisistes (de la planche à voile sur le sol au boomerang) qui semblent avoir beaucoup inspiré les auteurs de La vie scolaire (Grand Corps Malade, Idir, 2019). Un homme qui cache un grand cœur derrière sa montagne de muscles. Ce qui vaut une scène anticipant la partie de jambes en l'air entre Sylvestre et Sandra dans Demolition man (Marco Brambilla, 1993), avec autant de rires.
Fabrice Luchini est très tchatcheur comme souvent dans ce rôle de professeur d'arts-plastiques en venant à déprimer lorsque son élève le bat lors d'une exposition. Enfin, il y a Christophe Bourseiller documentaliste partisan du moindre effort et au classement d’œuvres très particulier. C'est justement en donnant des défauts à chaque personnage que Schulmann tapent juste, car il réussit à les rendre attachants et humains malgré leurs méfaits. D'autant que chacun a une personnalité différente et forte, bien aidé également par le jeu des quatre acteurs.
P.R.O.F.S. est une comédie potache n'ayant pas perdu de son mordant, partisane d'une éducation fun tout en restant instructive et où le conflit de générations entre professeurs est assez conséquent.