"Pacific Rim, ça troue le cul ! C'est tellement un truc bien que tu peux pas comprendre ! D'ailleurs ça va faire un four au box-office parce que les gens sont trop cons !!! A mort Nolan !"
Après avoir lu les critiques parues ça et là dans la presse ciné autoproclamée geek (et dont l'avis est résumé en substance ci-dessus), on se dit que le nouveau film de Guillermo Del Toro doit avoir de sérieux arguments pour enthousiasmer à ce point !


Ce qui est sûr, c'est que le réalisateur mexicain n'est pas un manchot. Visuellement, le film est somptueux. Les combats (car c'est ça qu'on est venu voir) sont parfaitement lisibles (prends ça dans ta gueule, Man of Steel !) et les couleurs sont pop comme dans une BD ou un jeu vidéo. Le design des Jaegers (les robots géants) comme des Kaijus (les monstres géants) ne cède pas à la mode et rappelle aussi bien les mangas et les kaiju eiga que les créations de Ray Harryhausen. Le film est d'ailleurs dédié au maître des effets spéciaux ainsi qu'au papa de Godzilla, Ishirô Honda. Une jolie rencontre qui synthétise bien le côté hybride de Pacific Rim qui puise aussi bien dans l'imagerie fantastique nippone qu'américaine. Même les deux héros, un Américain et une Japonaise unissant leurs esprits pour faire avancer leur Jaeger, traduisent parfaitement cette idée. En parfait fanboy, Del Toro montre sa connaissance du kaiju eiga et nous offre, entre autre, une magnifique scène de destruction de Tokyo sous forme de flashback, davantage centrée sur le drame humain que sur la destruction de masse. Pas de doute : Del Toro est un cinéphile passionné doublé d'un metteur en scène méticuleux et généreux.


Oui, mais... tout cela ne sert à rien quand on n'est pas capable d'avoir un scénario décent ! La partie la plus intéressante de l'histoire est probablement l'arrivée des Kaijus et leur répercussion sur notre monde. Mais ce segment est résumé en 5 minutes dans un montage enchaîné, en début de métrage ! Le reste du film illustre donc la fin du conflit, avec des enjeux dramatiques que le public ne fait jamais siens, faute d'avoir pu "vivre" les déboires de nos héros. Et l'interprétation ne sauve pas tout. Charlie Hunnam n'a aucun charisme (il paraît qu'il est meilleur dans Sons of Aanarchy) ce qui est dommage parce que son personnage est un des plus développés. Heureusement, Rinko Kikuchi et Idris Elba livrent des interprétations bien plus convaincantes et touchantes. Les seconds rôles sont quasiment inexistants à l'exception de deux scientifiques cartoonesques et d'un Ron Perlman fidèle à lui-même.
Les péripéties, aussi impressionnantes soient-elles, sont très convenues. On a souvent l'impression d'avoir déjà vu certaines scènes (on pense à Starship Troopers dans le meilleur des cas, à Independence Day dans le pire) et au bout du compte, le récit se déroule sans surprise. Une grande déception !


Pourtant, vous l'avez lu dans la presse : Pacific Rim est le meilleur blockbuster de ces dix dernières années. Mais pourquoi ?
Parce qu'il cite les œuvres fantastiques d'antan ? Indiana Jones 4 faisait abondamment référence aux séries B et aux pulps des années 50 et l'accueil qu'il a reçu de la part du public et de la presse était tout autre.
Parce qu'il fait référence aux traumatismes japonais (les catastrophes naturelles à répétition, la Bombe H) ? Félicitations, il a 60 ans de retard sur Godzilla d'Ishirô Honda !
Parce qu'il s'écarte du style de Christopher Nolan, nouveau gimmick inhérent à tout blockbuster contemporain ? L'initiative est louable, en effet, mais il ne faudrait pas oublier que si sa façon d'aborder un récit (empruntée au cinéma des années 70) a plu au public, c'est aussi parce que ce dernier en avait assez des personnages caricaturaux qui ne s'avéraient tout au plus que fonctionnels.
Alors certes, Del Toro est sympathique et son intention était de faire un film comme l'aurait fait un enfant de 12 ans... mais a-t-on vraiment envie de voir le film d'un gosse de 12 ans ?!


Échec au box-office américain et plébiscite dans la presse spécialisée : Pacific Rim ne mérite aucun de ces deux statuts. Au bout du compte, il s'avère être un film de divertissement spectaculaire mais creux, dont le résultat n'est jamais à la hauteur de son ambition. Ce n'est ni une suite, ni un remake, mais est-ce un film original pour autant ?

MajorTom
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le 23 juil. 2013

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