- A Go Nagai, sans qui ce papier n’aurait jamais été écrit…-

5 ans. Il aura fallu attendre cinq ans, après Hellboy 2 pour qu’un nouveau film signé Guillermo del Toro sortent sur les écrans. Il faut dire que le Mexicain a cumulé les galères : les déboires financiers de la MGM ont longuement repoussé la production du Hobbit qu’il finira par quitter et son projet d’adaptation des Montagnes Hallucinées, d’après H.P Lovecraft avec Tom Cruise, a été annulé par Universal.
Arrive alors le projet Pacific Rim que Travis Beacham avait commencé à écrire et qui était annoncé comme un film de combat entre monstres géants et robots armés. Les premières images dévoilées sonnaient comme une évidence : loin des Transformers de Michael Bay, le film s’annonçait comme un hommage aux genres japonais que sont les Keiju Eiga (les films de monstres à la Godzilla) et les séries d’animation avec des robots géants comme Goldorak, Gundam ou Evangelion.

Et au vu du résultat, on peut le dire clairement : non content d’être l’hommage attendu, Pacific Rim s’impose comme le meilleur blockbuster vu au cinéma ces dernières années et le meilleur film d’action/science-fiction depuis Avatar.
Une lame de fond.

L’histoire commence en 2013 avec une voix off qui raconte l’arrivée des premiers Kaiju, via une brèche au fond de l’océan pacifique. Après avoir tenté vainement de lutter avec les moyens actuels, les pays se sont unifiés pour combattre ces monstres venus d’ailleurs. Avec leurs moyens mis en commun, ils construisent des robots géants armés pour rivaliser en terme de puissance, les Jaeger pilotés par deux ou plusieurs humains connectés neuralement entre eux pour diriger la machine. Cette notion de connexion est importante car il faut que les deux pilotes soient parfaitement synchronisés. Sont donc choisis des gens qui partagent des choses en commun, deux frères ayant des souvenirs ensemble, un père et son fils et même des triplés.
Parmi eux, Raleigh Becket (Charlie Hunnam, vu dans la série Sons of Anarchy et absolument parfait) qui a quitté le programme et Stacker Pentecost (Idris Elba, impeccable comme toujours) qui dirige les pilotes. Ce dernier va faire une nouvelle fois appel au pilote pour une dernière mission, voulant mettre un terme à l’invasion.

Vous l’avez compris : alors que la plupart des films actuels sont des premiers volets « origin story » en vue d’une franchise, Pacific Rim en prend le contrepied. Le film commence par poser les bases de son univers et introduire l’origine de son héros (avec une fluidité presque hors norme) pour mieux lui faire vivre une dernière mission. Exit l’idée d’un film où des éléments sont conservés pour un volet suivant. Pacific Rim fait partie de ces rares blockbusters ayant un début et une vraie fin. Ca n’a pas empêché Guillermo del Toro et Travis Beacham de bosser leur univers en faisant en sorte de ne rien laisser ni de coté ni au hasard. Ainsi, le fonctionnement des robots et la génétique des monstres est longuement expliquée mais le reste aussi : on voit des trafiquants d’organes de kaijus, des humains lambdas tentant de survivre à des attaques ainsi, plus globalement, que l’état du monde en 2020 après avoir été ravagé.

Si le film est un hommage appuyé au genre comme évoqué plus haut, il en reprend différent éléments et rappelle des choses déjà vues au Pays du Soleil-Levant. De Godzilla à Evangelion en passant par Mazinger Z ou Astroby, il fera forcément vibrer votre fibre nostalgique si vous aimez la chose. Mais ce n’est pas pour autant un alignement de cameos et autres références idiotes. Inspiré d’une culture surtout japonaise, Pacific Rim se forge son univers propre, une identité capable de rivaliser avec celle de ses maitres. Hishiro Honda (à qui le film est dédié avec Ray Harryhausen), Hideaki Anno, Osamu Tezuka et tous les autres ont de quoi être fiers !

Del Toro oblige, la mise en scène est évidemment autant soignée qu’elle peut l’être. Certains plans sont absolument sublimes, à commencer par un mouvement de caméra qui part d’un poing de Jaeger, le suit à travers un immeuble et s’arrête sur un petit objet placé sur un bureau. De l’immense au minuscule avec une facilité déconcertante, avec une souplesse jamais vue, rappelant au passage les dommages collatéraux.
Tous les combats, et ils sont nombreux, sont toujours lisibles et ne perdent jamais le spectateur qui en prend plein les yeux tant l’action est jamais vue. De la destruction certes mais aussi du souffle, de l’épique et une dimension qui manquait aux films sortis récemment : une identification. On sort de Pacific Rim avec l’envie d’enfiler une tenue et d’aller piloter un robot, avec celle de se replonger dans Goldorak, celle de faire le kéké en prenant des poses devant son miroir. On a beau faire, les fameux héros réalistes qu’on nous a servi ces derniers mois, qu’on les aime ou qu’on les déteste, ils ne donnent jamais cette envie. Et bon sang, qu’elle fait du bien !

Mais Pacific Rim n’est pas seulement un combat géant entre robots et monstres, c’est aussi un film chargé en émotions car centré sur ses héros. Del Toro appuye sur notre corde sensible par petite touches, d’abord dans l’introduction puis dans les relations entre les personnages à travers quelques flashbacks savamment introduits comme l’histoire de Mako Mori (Rinko Kikuchi, délicieuse) et la raison pour laquelle elle a voulu devenir pilote.

Au final, le film de Guillermo est la somme de tout ce qui fait qu’un long métrage est réussi : une réalisation soignée (et une des plus belles 3D convertie vue jusqu’à présent avec celle de Titanic), des auteurs qui croient jusqu’au bout à leur histoire en restant sérieux, sans chercher à faire dans le cartoon idiot ou dans le réalisme outrancier, une admiration sans borne pour un genre auquel ils rendent un bien bel hommage, des acteurs tout aussi impliqués, des putains de scènes d’action plus incroyables que toutes celles vues ces dernières années, sans jamais oublier ni l’humain ni l’émotion.

Pacific Rim, c’est tout ça à la fois. A l’image de ses Jaegers, un film géant.
cloneweb
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le 12 juil. 2013

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