A peine installées dans leur toute nouvelle maison, Meg (J. Foster) et sa fille Sarah (K. Stewart) vivent un véritable calvaire lors d'un cambriolage qui tourne mal.
"Panic Room" - du nom de la pièce blindée où sont stockés les millions de l'ancien habitant - s'annonce comme appartenant au thriller, c'est bien car il en suit point-par-point la trame : de nombreux rebondissements en huis-clos permettant un suspense démesuré, un panel de personnages aux profils variés, une bande originale sourde et quasi continue.
Mais "Panic Room" n'est pas un bon thriller, d'une part parce qu'il ne parvient pas à se démarquer des conventions du genre, d'autre part parce que son intrigue est particulièrement faible.
Partons du principal outils du thriller : le suspens. Ici sur-développé, il se compose d'innombrables rebondissements à la crédibilité atrophiée par la temporalité et la rationalité : la tentative de gazage des protagonistes féminines retranchées par le trio de malfrats tourne au ridicule d'une part car elle a lieu au milieu du film ( les héroïnes ne peuvent pas disparaître aussi tôt, à moins de s’appeler Marion et de dormir au motel de Norman ), d'autre part - et c'est la continuité logique du problème temporel - car cette tentative est vaine dans l'esprit du spectateur avant même d'avoir été entièrement accomplie.
Continuons par le choix des personnages : le bon, un gentil cambrioleur qui ne souhaite que l'argent et voudrait éviter un carnage, la brute, qui pense pouvoir obtenir la totalité du pactole même si elle est synonyme de bain de sang, et le truand, qui se range d'abord aux cotés de la brute avant d'abandonner lâchement. Un trio au profil déjà très bas, que l'interprétation à grandes tirades de "Fucking fuck" ne relèvera pas.
Les deux héroïnes facilement oubliables, qui forment un duo pâle sous la lueur des néons, et restant de marbre en toute situation.
Enfin, la réalisation peu espérer remporter un léger succès auprès des groupies des plans-séquence : "Panic Room" regorge de ce type de prise de vue avec retouche numérique, qui fait passer la caméra dans la serrure d'une porte et à travers les plafonds. Agréables à l’œil, ces séquences martèlent cependant le spectateur d'une unique question tout au long de la pellicule : dans quel but ?
"Panic Room" est donc un thriller hyper-américanisé qui s'auto-appauvrit à mesure que les secondes s'écoulent, jusqu'à atteindre le paroxysme de l'originalité dans les dix dernières minutes : la capture du bon malfrat par les forces spéciales toutes sirènes hurlantes, et ouverture sur le duo mère/fille assis sur un large banc en bois dans un parc ensoleillé, à la recherche d'un nouveau logement.