Paprika
7.6
Paprika

Long-métrage d'animation de Satoshi Kon (2006)

Difficile de déflorer Paprika sans gâcher la découverte du spectateur. Satoshi Kon reste dans le sillage cyberpunk type Philip K. Dick, notamment dans son rapport à la réalité, qu'il s'amuse à fondre avec l'onirique pour mieux nous coincer dans un dédale de séquences où la moindre perturbation entraîne le doute. Est-on réveillé, est-on dans ce rêve ou est-on dans un autre ?
Ça a l'air complexe lancé sur la table comme ça, mais pas du tout. Le but de Paprika n'est pas d'offrir une expérience où toutes les clés sont fournies, mais de laisser son spectateur décider de celles qui lui seront utiles. Cela touche le sens du film au moins autant que les personnages.
La vision de X pourra diverger avec celle de Y et vous savez quoi ? Les deux pourraient bien avoir raison. S'il y a bien une chose sur lequel Paprika sera clair d'un bout à l'autre, c'est bien dans son amour du cinéma puisque le 7ème Art fait plusieurs fois l'objet de savante mise en abyme et de superbes références (Pinocchio, Shining,et la Fée clochette sont de la partie). Ce faisant, il renvoie dos à dos réel et imaginaire comme les deux faces d'une même pièce, indissociables de la psyché humaine et nécessaires à son expression propre. Comme en atteste l'emploi à des alter-égos (ressors également utilisé sur Perfect Blue) certains lumineux d'autres plus inquiétants.
C'est brillant, follement créatif, blindé de petites trouvailles visuelles (cf. les reflets du miroir qui épousent les facette d'un personnage). Satoshi Kon manie également l'absurde et le malaise avec une habileté incroyable, puisque les deux aspects se croisent et se chevauchent, parfois à quelques secondes d'intervalle. Il continue aussi les expérimentations narratives avec cet art consommé de la transition (d'une limpidité folle), recoupant plusieurs temporalités ou dimensions sans jamais perdre en lisibilité.
Un grand huit de poésie et d'intelligence. En gros, un classique. Pas étonnant qu'on ait pu établir des connexions avec Inception de Christopher Nolan (sorti 4 ans plus tard), bien que les approches et la finalité soient complètement différentes.

ConFuCkamuS
8
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le 20 mai 2020

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