Auréolé d’une Palme d’Or il y a seulement quelques jours, Parasite a été l’ultime consécration pour le réalisateur Bong Joon-Ho, connu notamment pour son film Memories of Murder, et également pour le cinéma sud-coréen car ce fut le premier film sud-coréen a recevoir la Palme D’Or depuis la création de ce festival.


Un an après Une Affaire de Famille de Kore-eda, le cinéma asiatique est donc une nouvelle fois mis à l’honneur, et dont Parasite partage un trait commun majeur, le fait que les personnages centraux soient issues des strates sociales inférieures de la société et aborde la différence de traitement que cette dernière leur accorde.


Mais ne n'y nous trompons pas pour autant, étant donné que Parasite est scénaristiquement et dans sa façon de narrer les évènements bien différent que le dernier Kore-eda où des pauvres décident de monter dans l'échelle sociale de façon fulgurante en se mettant au service d'une famille riche, devenant tour à tour prof de soutien, artiste spécialisée dans l'art-thérapie, chauffeur de taxi et enfin bonne à tout faire.


Si le film de Kore-eda revêtait un aspect documentaire, Parasite se veut beaucoup plus jubilatoire que ce dernier de par sa réalisation et son jeu d’acteur où les riches sont perçus comme des personnalités totalement crédules, facilement manipulables et parfaitement ridicules, de cette façon, Joon-Ho nous dresse un portrait purement satirique de ces hautes strates sociales sud-coréennes, tandis que la famille pauvre du film joue constamment avec le feu pour essayer de tirer encore plus profit de la situation qui se présente à eux, un peu comme essayer de tripler sa mise au casino.


Mais un point de bascule va absolument tout chambouler dans le film et qui vient mettre à mal les plans de la famille (et également faire basculer le film dans un tout autre registre) et où Joon-Ho vient dénoncer la compétition entre les strates sociales inférieures pour essayer de survivre et de conserver leur situation sociale moins précaire qu’auparavant (mais toujours fragile) et tout cela dans l’optique de plaire aux plus riches pour s’attirer leurs faveurs au lieu de renverser l’ordre social, comme ce sont les riches qui soufflent le chaud et le froid en rémunérant ou non, en employant ou non les strates inférieures de la société à leur service.


Mais peu importe qu’ils soient employables ou non, ils sont toujours bourrés de vices et de défauts (la bonne qui ne ferait que bouffer) ou sentent mauvais, ce sont des parasites, quelle que soit l’habit qu’ils revêtent, la violence exercée sur eux sera toujours la même.


Certains ont trouvé l’épilogue un peu trop bavard, je trouve qu’au contraire c’était une belle façon de conclure le film en finalisant son propos sur cette sorte de lutte des classes à la sud-coréenne et disant en fin de compte « Vous aurez beau vous investir pour essayer de sortir de la misère elle reviendra vers vous telle un boomerang », à tel point que Pierre Bourdieu a eu une érection depuis sa tombe.


Il y a encore tellement de choses à dire sur Parasite, et ce film m’a bien plus enthousiasmé que le dernier Kore-eda, que ça soit sur la réalisation, la mise en scène ou encore la direction de l’image extrêmement expressives et dynamiques et sans compter les nombreuses métaphores distillées ça et là dans le film.


Bien plus qu’un simple film tragi-comique, un film à la fois divertissant et extrêmement intelligent et subtil, une véritable critique des rapports de force entre les riches et les pauvres en Corée du Sud. Une réussite.

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le 29 mai 2019

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