Parasite est avant tout un film de lutte entre des classes, selon le schéma marxiste consacré prolétaires-bourgeois, mais aussi entre prolétaires. Bong Joon-ho nous montre à quel point le libéralisme économique détruit des vies, poussant les plus faibles à un point où tous les coups sont permis pour survivre. Pas de morale, juste la survie. Parasite est certes un film coréen se déroulant en Corée, mais il nous parle de toutes nos sociétés occidentalisées et influencées par le libéralisme heureux et le capitalisme triomphant des États-Unis : ces prolétaires sont coréens, le film mobilise des références coréennes, mais tous les prolétaires sont acculés à de telles situations.
L'une des qualités du film est de ne pas tomber dans la caricature : pas de stéréotypes grossiers pour marquer la différence de classes, mais une mise en scène subtile expliquant parfaitement la situation, sans excès. Les prolétaires ne sont pas tous gentils et les bourgeois tous méchants : Bong Joon-ho montre que les prolétaires sont amenés à lutter entre eux en dépit de leurs intérêts communs, signe que le libéralisme a été définitivement intégré par toutes les couches de la société, même celles qui auraient un intérêt à lutter contre.
Ce film est très nuancé dans tout ce qu'il fait. Il mêle très habilement pendant deux heures différents codes de genres cinématographiques différents : romance, drame social, espionnage, horreur. L'humour est subtil et bien dosé.
On peut toutefois regretter une fin un peu longue et une morale pas si marxiste que ça, mais franchement, ce n'est rien face aux qualités du film.