Tout part d'une affiche culte, d'un rose renversant de beauté mais surtout d'une magnifique femme comme unique présence pour embellir l'ensemble. Me voilà curieux de découvrir ce film qui a reçu une Palme d'Or à Cannes l'année de sa sortie. Il en a fallu peu pour que mon envie de voir ce film évolue à un point où la déception, lors de mon visionnage, s''est manifestée.
Je suis certain que c'est une déception éphémère, qu'un second visionnage est capable de venir chambouler mon avis. Du temps est passé depuis mon visionnage et déjà, mon avis évolue et se place en bonne voie pour n’être que positif à la suite d’une seconde fois avec ce long-métrage.


"Paris, Texas", nom tout d'abord attirant et trompeur pour les dupés comme moi qui ont pensé entendre parler de la ville Française, est un film mystérieux. Se révélant petit à petit comme une quête d'identité, qui place au cœur de son récit l'humain, la lenteur justifiée par la façon d'exploiter cette recherche de soi. Le fond est alimenté par de nombreuses thématiques qui viennent enrichir un propos déjà profond quand il est seul. La famille y détient une place prépondérante, véritable moteur de cette histoire dans un premier temps pour ensuite plonger vers une thématique de l'amour sur les dernières 40 minutes. L'écriture aborde ces sujets avec un regard assez singulier, mais ne laisse pas pour autant de côté les thèmes du regret ou du passé qui secondent avec une grande justesse les thématiques principales. L'écriture construit également son récit, avec une première partie marquée sous le signe de l'errance du protagoniste. La seconde partie se place sous le thème de la famille et plus précisément de la relation entre père et fils, là où la première abordait rapidement celle entre deux frères par le biais de retrouvailles. Enfin, troisième partie mais surtout la plus belle, elle est dirigée vers le regret, les souvenirs du passé qui refont surface mais aussi l'amour et cela, sous forme d'un road-movie particulièrement beau. C'est donc un récit découpé de façon cohérente car chaque partie marque une étape dans la vie du personnage principal et dans sa quête pour se retrouver.


Cependant, je n’ai, hélas, pas été réellement séduit par ce que le film proposait durant la plupart de son temps. C’est une œuvre lente, qui prend son temps à travers une durée, toutefois assez hypnotisante, de 2h20. Malgré cela, dans la lenteur sur laquelle repose le film, et même y puise une certaine force pour mieux émouvoir, j'y ai trouvé des longueurs. En c'est là que repose mon principal problème avec ce long-métrage, ma principale déception. La force du propos est indéniable, surtout avec la magnifique écriture qui construit cette histoire, mais le film met du temps à démarrer, mon entrée dans le film a été difficile et par conséquent j'ai eu du mal à trouver ce dernier marquant. Malgré tout, comme j'ai eu l’occasion de le dire précédemment, je pense que cela est causée par la découverte de cette œuvre et que, avec un deuxième visionnage tout peut changer. Tout peut changer qu'en bien !


Toutefois, et malgré la déception, j'ai aimé ce film, cette œuvre d'une grande beauté qui dessine avec une magnifique justesse un voyage pour reconstruire le passé et ramener les souvenirs à la surface. Dans un premier temps, par le biais de la famille puis sous forme d'un road-movie particulièrement beau ensuite, le récit est constamment subtil dans la manière de procéder et d’échafauder cette quête de soi, d'identité, plutôt fascinante, notamment grâce à l'atmosphère conférée au long-métrage. La musique ne fait qu’un avec l’immensité des décors, exposés comme neutre mais auxquels est donné du sens par le placement des personnages en leur superficie. Les grands paysages prennent alors sens avec la composition des personnages et leur présence.
"Paris, Texas" est une œuvre à contempler, même à ressentir. Des dialogues jusqu'au moments calmes ou musicaux, l’atmosphère américaine est orchestrée avec beaucoup de réussite par le cinéaste Wim Wenders, qui filme son œuvre avec beaucoup de charme et de sensibilité mêlée à la maîtrise de la gestion de la caméra pour filmer son histoire. Puisque au-delà de bénéficier d’un visuel infiniment beau : couleurs splendides, lumières soignées et réalisation d’une grande maîtrise, le long-métrage pose un regarde assez unique sur les Etats-Unis, ainsi que sur l’homme qui y vit en son cœur. De là découle une majeure partie de la beauté de cette œuvre, qui se base sur le ressentit que donne le visuel et l’atmosphère associée, pour porter ce récit initiatique.


Le récit s’accroît au fil de son avancée, mais décolle lors de ses 20 dernières minutes totalement déchirantes, où la force du dialogue mêlée à celle du plan-séquence viennent alimenter celle du jeu de Harry Dean Stanton, grand durant tout le long mais explosif durant les dernières minutes, mais aussi par la sensibilité, la beauté destructrice et la hauteur d’un talent d’actrice hors normes de Nastassja Kinski. Ces éléments dévoilent alors une fin magistrale, qui ne laisse pas indifférent, en tout cas, qui ne m’a pas laissé indifférent.


"Paris, Texas" est un film à qui je vais, obligatoirement, laisser une deuxième chance qui ne sera que bénéfique pour mon ressenti général. C'est un film qui parvient à émouvoir avec une grande habileté et qui sait aussi fasciner grâce à des qualités visuelles indéniables, pour une histoire renversante et menée par une large réussite scénaristique.


7.5/10

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le 2 mai 2020

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J_Cooper

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