"Paris, Texas", c'est typiquement le genre de film qui me laisse indifférent alors que je vois tout le monde s'extasier dessus. C'en est presque frustrant, j'ai l'impression de passer à côté d'un truc superbe. Alors bon, je ne vais pas cracher dessus non plus et je reconnais au film énormément de qualités mais l'émotion ne naît jamais et elle reste figée, même lors de la scène la plus célèbre du film qui voit Travis et Jane se parler sans que Jane puisse le voir. Il faut dire que le film dure 2h20 sur un scénario (co-écrit par Sam Shepard tout de même) qui aurait pu être amplement écourté. Tout ce que raconte "Paris, Texas" ne manque pas d'intérêt et on trouve au cœur du film de belles relations, un joli portrait d'homme solitaire (Harry Dean Stanton au sommet de son talent bien que dans la peau d'un personnage auquel on s'attache difficilement) et de magnifiques paysages. Ah ça, Wim Wenders sait filmer, il n'y a rien à redire. Ses plans sont incroyables, l'éclairage est à tomber (comme Nastassja Kinski dans un autre registre) et c'est avant tout pour ses qualités esthétiques que "Paris, Texas" se regarde. Et si l'on s'intéresse à la relation unissant Travis, revenu après 4 ans d'absence et une traversée du désert, et son fils, l'intérêt retombe largement en deuxième partie alors que la lenteur a eu le temps de pénétrer l'esprit et que l'on décroche gentiment d'une œuvre finalement un brin trop froide pour émouvoir. Tout ce que l'on peut faire alors, c'est se laisser bercer par les images et la partition de Ry Cooder, le tout en espérant que le beau voyage prenne fin assez rapidement.