La première séquence, la rencontre d’une jeune fille avec son futur petit copain avec une soirée techno comme contexte, est immersive, originale, crédible, réaliste et réussie. De plus, elle représente bien la scène électronique française pour le peu qu’elle dure. « Paris est à nous » débute donc sous les meilleurs auspices avec ce début d’idylle. Tant mieux c’est le centre névralgique de ce film au tournage si particulier. En effet, le film a été financé sur la base du crowfunding, a bénéficié d’un tournage sauvage et le scénario a été écrit au fur et à mesure. La note d’intention était de prendre le pouls de Paris et de sa jeunesse à l’heure des attentats et d’un monde qui s’écroule, habité par une nouvelle génération sans repères et sans espoir. Ce processus de tournage singulier se ressent pour le meilleur au début mais surtout le pire, plus le film avance.
La première demi-heure on trouve les images belles et poétiques, la réalisatrice Elizabeth Vogler a un don certain pour filmer, c’est indéniable. Mais c’est peut-être parfois un peu trop chichiteux et esthétisant, « Paris est à nous » finissant par plus ressembler à un clip ou une pub haute couture qu’à un film, surtout que le scénario est plus léger qu’une plume. Mais bon, c’est beau alors on tient. Il y a, toutes proportions gardées, une forte inspiration des dernières œuvres de Terence Malick dans cette errance sans véritable marqueur de temps où passé et présent (et futur peut-être) s’entremêlent. Le montage erratique, la propension à filmer la nature et les paysages et la voix off renforce cette impression. L’éventuel hommage finit par se transformer en océan de clichés et les flashbacks incessants usent. Surtout que cette romance dispense ses logorrhées verbales fleur bleue à un rythme soutenu mais agaçant à force. Ce qui semblait pertinent devient fatigant. Paris est bien filmé même si on a déjà vu mieux. Cette radiographie d’une ville en proie au changement et d’un couple qui se délite intrigue au début puis finit par nous perdre tout comme le film en lui-même et son héroïne.
L’absence de scénario finit par anéantir toute tolérance et « Paris est à nous » tourne en rond pour finir par ne plus raconter ni exprimer grand-chose. On ressent trop le fait que le film s’écrivait au fur et à mesure et qu’il n’y a finalement que des bribes d’histoire. Finalement, il y a beaucoup de remplissage pour que le format du film rentre dans la case long-métrage et très peu de matière réellement cinématographique. Le mélange entre la vénération d’une ville mythique et cette histoire d’amour de pacotille ne prend plus. Le côté évanescent et quelque peu envoûtant du début disparaît complètement pour devenir assommant et le dernier quart d’heure est interminable, juste un joli livre d’images complètement vide. Toute la volonté de l’actrice principale (plutôt bonne) n’y fait rien et Volger nous perd et finit par nous ennuyer avec cet objet singulier mais vain et laborieux. Un film dans l’air du temps en proie aux questionnements de la jeunesse et qui se veut « in » mais qui deviendra vite ringard et oublié, même s’il respire l’envie d’un cinéma différent.
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