Mondo Parigot

Paris Interdit est une véritable curiosité puisque le film de Jean-Louis Van Belle appartient au genre controversé et assez crapoteux des Mondo , ses films documentaires trash souvent plus où moins bidonnés et qui explorent les faces cachés de l'humanité à travers divers thématiques. Comme son titre l'indique Paris Interdit est un modo bien de chez nous qui s'en va fouiller dans les zones sombres de la ville lumière pour livrer une galerie assez hallucinantes de portraits et de groupes d'individus. Si le film n'échappe pas au détour de quelques scènes aux images chocs et bien complaisantes il offre aussi (volontairement où pas) des instants assez hilarant de connerie surréaliste.

Paris interdit est un film entièrement en voix off que ce soit celle d'un narrateur qui semble parfois avoir avaler Raymond Devos avec des dialogue du style "Cet excès de régularisme régulier dans la régularité a provoqué des travers obliques" et celles des différents intervenants et personnages qui ne s'expriment jamais directement face caméra. Souvent décalé et ironique le film baigne ainsi dans une drôle d'ambiance qui tient souvent plus de la comédie étrange que de l'étude psychologique des mœurs dissimulées de la capitale. Un humour très sombre, absurde et parfois bien glauque à l'image de ce représentant de sous vêtement féminin qui se travesti pour apprendre ensuite aux femmes au foyer à faire un strip-tease le tout devant les yeux mi-amusés mi-effarés de leurs propres gosses. On croisera aussi quelques gourous étranges comme cet adepte de Noé qui organise régulièrement des partouzes avec des masques d'animaux à chaque fois qu'un ange lui annonce la fin du monde et qui se plante toujours (désolé les gars on se refait une touze dès que l'ange me recontacte) ou les pyromanophiles la plus vieille secte de Paris depuis que les druides sont partis en banlieue qui font brûler des mannequins en plastique tout en glissant une jolie publicité à Shell parce que c'est ma meilleure essence et la moins chère. On croisera aussi le bien édenté plus vieux vampire d'Europe dont le charme animal opère à fond sur sa concierge et sa charcutière ou encore des nazillons nostalgique d'Hitler qui tentent péniblement d'apprendre l'Allemand avant de tourner en rond dans une cave le bras tendu après s'être grossièrement dessiné une moustache de führer en folie au feutre... On pourrait encore ajouter un artiste photographe sado-maso qui claque la gueule de ses mannequins, un fakir pédagogue qui apprend à cinq donzelles en maillot de bain comment jouer au fléchettes sur son bide ou des danseurs handicapés dont un vieil homme manchot avec une casquette de marin qui tente de jouer les petits rats de l'opéra... C'est souvent perturbant mais c'est tellement décalé et hors normes que personnellement ça me fait souvent beaucoup rire. Et puis dans Paris Interdit il y-a une telle complaisance à enchaîner les plans nichons à tout bout de champs que le film ne peux pas être totalement antipathique.

Toutefois ATTENTION !! Le film est très très loin d'être à mettre devant tous les regards et objectivement un tel objet cinématographique serait tout bonnement impensable et inconcevable à notre époque. Le film comporte quelques séquences non simulées dont une scène dans un abattoir chevalin et surtout une très longue séquence monstrueusement glauque et complaisante durant laquelle nous assistons avec moult détails bien crades à l'empaillage d'un chien mort, une séquence franchement monstrueuse cette fois ci à peine contrebalancée par quelques touches d'humour

Paris Interdit est une vraie curiosité; un film rare qui choquera sans doute de nombreux spectateurs pour sa complaisance crapoteuse mais qui représente aussi une époque révolue d'un cinéma beaucoup plus libre et ceci jusqu'à l'excès. J'ai du mal à savoir si l'humour du film est toujours très volontaire mais de nombreuses séquences m'ont vraiment fait beaucoup marrer comme celle hilarante de quatre pauvres nazillons tentant de descendre les champs Elysées...