Une symphonie pour caméra et orchestre ? Bonne idée, mais...
Lelouch, cineaste controversé s'il en est. Adulé par certains, ringardisé par presque tous les autres. Il est toutefois une qualité que l'on ne peut lui reprocher : sa sincérité. Lelouch fait les films qu'il a envie de faire, que cela plaise ou non. Hors donc, en 1985, l'homme se met dans la tête de marier cinéma et musique, mais sans faire un film musical. Au contraire, sa volonté est d'intégrer la musique au casting, en faire un véritable personnage. "Voir des sons et entendre des images". Et voila donc qu'apparait une "fantaisie romanesque pour piano, caméra et orchestre" partiellement réussie.
Ici, il ne faut pas chercher un déroulement linéaire ni une intrigue complexe. En gros, l'histoire est celle des pérégrinations d'une famille juive qui fuit la gestapo dans la France de la seconde guerre mondiale. Une rescapée en fait un livre. Tous les thèmes chers au cinéaste se téléscopent continuellement : amours transgressifs, histoires de familles et de voisinage, vies insouciantes filmées dans un contexte dramatique : du Lelouch pur jus, avec en sus des guests inattendus. Mais une originalité toutefois : une présence constante, insistante, presque excessive, de l'oeuvre de Rachmaninov. Ici, c'est l'image qui se plie à la musique, et pas l'inverse. Le résultat est parfois judicieux, mais souvent un peu laborieux : le fil de l'histoire est totalement trituré pour suivre les évolutions du fameux second concerto, et il en devient par conséquent pas forcément évident à suivre. Le problème, c'est que le film ne brille pas vraiment par d'autres qualités. La reconstitution des années 40 est honnête sans être sensationnelle, et le casting est juste bon.
En bilan : musique superbe (Michel Legrand est aussi de la partie), construction audacieuse, mais parfois un peu lourde, et pas grand chose d'autre au final. L'attachement que l'on éprouvera pour ce film dépend donc probablement de votre sensibilité aux Leloucheries, ou à la musique de Rachmaninov.