Il aura vraiment fallu qu'il passe dans le cinéma de ma ville et que je souhaite connaître un peu mieux l'univers d'Annie Ernaux pour que je me décide, aidé par la présence de Laetitia Dosch, que j'avais tant aimé dans « Jeune femme ». Hélas, ni elle ni personne ne pouvait sauver ce triste film de c... drame, pardon, inintéressant dans les très grandes largeurs. Quand certain(e)s vont-il comprendre que pour filmer la passion, il n'est pas nécessaire de montrer de façon les gens en train de s'envoyer en l'air ? C'est long, pénible, répétitif et n'apporte strictement rien.


Mais bon, au cas où l'on serait un peu con, Danielle Arbid nous le rappelle quand même à chaque fois que les deux protagonistes se voient, au cas où l'on n'aurait pas compris (bon, les ébats raccourcissent au fil des minutes, quand même). Seulement, le cul pour le cul, faut éviter ! Du coup, je vais l'entourer de pleins de conversations pseudo-intellos et nombrilistes histoire de faire croire que j'ai quelque chose à raconter, le tout en se posant pas mal de questions mais sans jamais me remettre en cause. Hormis que cette histoire d'amour n'est pas du tout crédible, j'ai presque été touché de ces beaux discours sur la passion pour nous expliquer, justement, qu'il n'y pas d'explication, que cela vous tombe dessus comme ça.


OK, je peux l'entendre. Ça ne rend pas ces deux personnages plus attachants, le vide de l'un et les efforts surhumains de l'autre (souffrance en prime) pour la vivre le plus longtemps possible étant désespérant. Même la jolie Laetitia se révèle très décevante, incapable d'apporter une complexité, une étrangeté à son héroïne.


Après, c'est vrai : aussi poseuse et prétentieuse soit-elle, la réalisation est un minimum soignée, il y a quelques beaux extérieurs, une jolie photo. Quelques moments de lucidité, aussi. Le dernier quart est d'ailleurs plus supportable : la réalisatrice filme beaucoup mieux l'errance que la passion, exprimant plus en dix minutes que la quasi-heure et demie précédente. Quelques recoupements brouillant l'espace temporel, aussi, permettant de comprendre un peu mieux le cheminement de cette prof d'université (inutilement) en perdition. C'est mieux que rien, mais c'est bien trop peu.


Peut-être le livre était-il beaucoup plus éloquent, je ne sais pas. N'empêche : qui sont ces gens qui rendent un tel film possible ? Voient-ils même le résultat ? Les intéresse t-il ? Certains sont-ils tellement déconnectés de la société qu'ils pensent réellement que cela intéressera plus de 10 000 artistes parisiens et une presse élitiste se croyant plus intelligents que tout le monde ? L'amour fou méritait mieux que Danielle Arbid.

Caine78
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le 7 sept. 2021

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Caine78

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