La démarche de Jim Jarmusch dans Paterson, à savoir raconter la vie d'un homme ordinaire, avec ses frustrations, ses passions, ses aspirations au travers d'un quotidien bien peu palpitant, s'avère être un pari réussi. Au delà de susciter l'intérêt et la curiosité, il est amusant de constater à quel point un postulat aussi gentiment transgressif peut être rafraichissant. Jim Jarmusch ne veut pas qu'il arrive quoi que ce soit d'intéressant, scénaristiquement parlant, à son personnage et s'arrange pour que toute perspective d'intrigue soit désamorcée tout en maintenant l'attente chez le spectateur: Menace de vol de chien sans suite, rencontres ponctuelles ou même plus tardivement Paterson contrariant une attaque à arme à feu ... factice dans une action héroïque mais dispensable, comme pour faire écho à cette séquence où le bus que conduit Paterson tombe en panne et où ses proches, en apprenant plus tard l'incident, s'émeuvent du potentiel danger de la situation ("ça aurait pu exploser non?"), alors que non. Tout ce petit monde immobilisé dans une routine s'agite au moindre évènement, et le film de répondre que la vie n'est pas un film.
Paterson est néanmoins un plaidoyer épicurien, où le personnage principal refuse de s'émanciper d'une vie rondement menée, n'est pas à l'aise à l'idée de publier ses poèmes, modestement rédigées pour lui même et respecte les rêves indécis de sa compagne en mettant à l'écart les contraintes financières et sa propre influence dans les choix de décoration.

Poulika
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le 6 févr. 2017

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