Premier essai de Grand Corps Malade derrière la caméra et premier petit tour de force ! En partant d'un scénario fortement autobiographique notre slameur hexagonal livre un drame d'une authenticité pratiquement salutaire, nous plongeant au coeur du quotidien du service de tétraplégie d'un hôpital francilien.


Débutant par un logo Gaumont volontairement suranné Patients reconstitue subtilement tout un pan de la culture des années 90, potentielle époque de la jeunesse révolue de Grand Corps Malade. Cette contextualisation trouve une pertinence dans la portée empirique du récit, du mobilier hospitalier aux programmes télévisés en passant par le physique de l'acteur incarnant Ben - et qui ressemble de façon troublante au réalisateur.


Peu ou prou de poncifs dans ce drame plus proche de la chronique que du récit évolutif, témoignant qui plus est d'une approche pour le moins dense et nuancée du handicap physique et - parfois - psychique. Grand Corps Malade, fort de son vécu et de sa passion artistique, accouche d'un film simple duquel pourtant la maîtrise technique demeure tangible. La réalisation fait montre d'une belle inventivité, tout en mettant humblement en valeur le groupe suivi de près par la caméra sage et attentive dudit slameur...


On pourrait reprocher, sans doute un peu à raison, la stagnation psychologique des différents personnages : Ben, Farid, Steve et les autres semblent finalement assez prisonniers de leurs limites, mais le film évite toutefois magnifiquement le pathos, la complaisance ou a contrario le mépris. Patients est un film dont la pudeur et la profondeur empêchent dans le même geste une charge d'informations ou d'explications indigestes, montrant les hommes et les femmes tels qu'ils devraient l'être : imparfaits, parfois illégitimes de leur apitoiement mais présentés dans toute leur complexité et leurs valeurs intrinsèques.


Le film ne propose pas de réelle solution quant au sujet traité, encore moins une morale préconçue qui aurait sans doutes été un peu malvenue compte tenu du propos. Il s'attèle à poser un regard particulièrement fin et empathique sur cette bande de patients tour à tour immatures, en colère et même inévitablement désespérés. Entre résignation, amertume, lâcheté mais aussi dérision et persévérance Patients est un film sur la résilience qui séduit par sa personnalité et sa franchise. J'ai beaucoup aimé.

stebbins
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le 9 nov. 2020

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stebbins

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