A bien y regarder, la filmographie de notre cher Spielberg avance toujours à grand pas, et le plus amusant est de voir qu'il a pour habitude de sortir deux films la même année.
Je pourrais en effet remonter à 93 où le très grand Jurassic Park fut dévoilé quelques mois avant La Liste de Schindler. Sauter jusqu'en 2002 avec Minority Report et Arrête-moi si tu peux, puis en 2005, La Guerre des mondes qui précède Munich. 2011, Tintin et Cheval de Guerre. Ce n'est qu'après Lincoln en 2012 que Steven marquera une pause, pause qui prendra fin avec Le Pont des espions. Il n'est donc nullement étrange de remarquer qu'en 2017 aucun film du monsieur n'était à disposition, il fallait bien attendre 2018. Ainsi Spielberg nous propose en à peine trois mois, cette histoire vraie qu'est Pentagon Papers, suivi d'un film au style opposé, l'excellent Ready Player One.


Cela fait maintenant bien des années que je n'avais pas autant attendu les films du géant américain, non pas que j'en transpirais d'avance, mais j'avoue avoir eu un assez bon intérêt pour ces deux cru 2018.
The Post, traduit chez nous en Pentagon Papers, comme souvent la logique des distributeurs et de traduire un titre anglais par un autre titre anglais, en même temps y'a bien des gens qui aiment le foot, personne n'est parfait... En tout cas je préfère ce titre "français", l'affiche postérisée du film est également superbe.


Spielberg étant un des maîtres du cinéma de divertissement, fait également parti de la confrérie des cinéastes aimant le classique, tout comme ses confrères Eastwood et Scott. Si la guerre froide occupait l'écran dans Le Pont des espions, ici nous plongeon au cœur même du fameux Post, le Washington post plus précisément, journal réputé chez nos amis ricains, du moins depuis certains événements, en partie contés par ce film.
Début 70, alors que la guerre trash du Vietnam continue sa folie, le New York Times dévoile des infos plus que croustillantes pouvant ternir salement la réputation de la maison blanche et son président Nixon.
Le Washington Post, alors petit journal local dirigé par Katharine Graham, veuve du propriétaire, viendra profiter que le Times soit censuré sur le sujet "Vietnam" pour balancer du lourd. Cette prise de risque immense changera à jamais l'histoire du Post, des journaux en général et aura un impact politique conséquent.


Spielberg dans toute sa passion et son amour cinématographique nous sert une sorte de Les Hommes du président avec sa touche, y faisant même un clin d’œil en fin de film. Personnellement, n'étant pas fan de ce dernier, j'ai beaucoup plus apprécié celui de Steven.
La mise en scène est très efficace, aidée par une réalisation virtuose, toujours innovante, quelques plans séquences, cadres inspirés, décidément il va falloir que je revois quelques films du monsieur en zyeutant plus précisément la réal tant je la trouve de plus en plus étonnante. Avec une caméra quasi continuellement en mouvement, Steven suit ces journalistes dans cette quête politique trop importante pour être abandonnée.
Appréciant beaucoup les décors bureautiques des journaux de l'époque, je n'ai pu qu’apprécier la qualité ici bien présente. On sent clairement que le budget est là pour répondre aux détails et à la richesse de la reconstitution, que ça soit les bureaux, un restaurant ou une maison. La manie de Spielby étant de pousser au maximum cette crédibilité, quitte à peut-être tomber dans un cliché. Comme une sorte de réalité virtuelle nous renvoyant à certaines époques. Ici en 71 via une photographie légèrement ternie et un grain fabuleux.


Pentagon Papers est donc plastiquement superbe, que ça soit en termes de décors ou de costumes. Costumes sous lesquels se glissent un casting une fois de plus copieux.
Meryl Streep, superbe, je devrais rajouter "comme toujours" mais à quoi bon puisque comme toujours signifie bien ce que ça signifie, "toujours" équivaut à toujours donc tout le temps, tu ne peux pas être pour toujours quelques temps, nan ça fonctionne pas, donc "comme toujours" devient obsolète. En gros elle envoie du pâté quoi... comme toujours :P
Katharine Graham incarnée par Meryl est une puissance féminine incroyable pour l'époque où la femme n'avait pas encore la place qu'elle a aujourd'hui, Steven rend hommage à cette personne et aux femmes en général sans forcer le trait et c'est plutôt réussi.
Spielberg ayant beaucoup d'amis et plusieurs acteurs fétiches, Mark Rylance prenant récemment un assez bel élan en sa compagnie, c'est bien Tom Hanks et Harrison ford qui se tirent la bourre dans sa filmographie. Cinq films avec Hanks désormais, contre quatre avec Ford, mais le futur Indiana Jones 5 devrait remettre les deux hommes à égalité.
Impeccable Tom en Ben Bradlee, les couilles du Washington post à l'époque en quelque sorte.
Casting comblé par Sarah Paulson, Tracy Letts, Bruce Greenwood, Matthew Rhys, Carrie Coon, David Cross, Jesse Plemons qui retrouvent David Costabile et Bod Odenkirk, anciens de Breaking Bad, ou encore, et c'est là que je m'y attendais pas, Michael Stuhlbarg, y'a-t-il un film de 2018 dans lequel il n'est pas ?! Très content de le retrouver ici en tout cas.


Un casting épatant pour un biopic aussi classique qu'efficace, souligné voire appuyé par une BO de John Williams. Spielberg ne semble jamais à court de sujets et c'est tant mieux, qu'il continue à alterner les styles, car il est visiblement bon partout et arrive "comme toujours" à transmettre son amour pour le cinéma.

-MC

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