Convoquant la psychanalyse au point d’en faire la thématique centrale et exclusive de son nouvel opus, Bergman nous fait se souvenir de Jung et sa notion de « persona » (le masque extérieur présenté au monde) et celle de « l’alma » (l’image intérieur).C’est la « persona » que nous montrons a la société, alors que notre « alma » peut être fort différente. Mais « Persona » s’interroge aussi sur la fait de la différence et de la ressemblance entre les etres.Sur les influences mutuelles d’évolution voire de transformation. Sur le refuge dans l’imaginaire pour mieux fuir une réalité quotidienne et sur cette peur bloquante qu’on peut installer en soi, sur le silence qui l’emporte sur la parole et ses nécessités futiles.Bergman aurait pu s’engouffrer et nous perdre dans un propos hermétique et grandiloquent, transformant son film en un cour magistral sur la psychologie des êtres, il n’en n’est rien grâce à l’inspiration des actrices. Sublimées par une photographie sur papier glacé, mises en reliefs par des images d’un érotisme diaphane dont l’auteur va peu à peu dévoiler une vérité intérieur a travers des parcours torturés, scories émaillées de blessures narcissiques irrémédiables.