Le meilleur Pan

La pièce et le livre de J.M.Barrie sont si célèbres que les noms des personnages suffisent pour que notre imaginaire se mette en branle et invoque toutes sortes d’images : hormis Peter Pan himself, on retrouve le capitaine Crochet (Hook), la fée Clochette (Tinkerbel), les enfants perdus (lost boys), le pays imaginaire (Neverland), la jolie Wendy Moira Angela Darling, Monsieur Mouche, et le crocodile le plus célèbre au monde, ayant avalé un réveil… Je ne m’attarderai pas sur les divers niveaux de lecture de ce récit foisonnant, les études psychanalitiques (le fameux « syndrome de Peter Pan ») et autres…
Monté plusieurs fois en pièce (ce que le récit est à l’origine avant de devenir roman), et adapté au cinéma en films ou comédies musicales, la seule version marquante était jusque là le dessin-animé de Walt Disney en 1953. Après le Hook de Spielberg en 1991 qui s’écartait totalement de la trame originale et livrait un film assez lourdeau et pas très beau, on se demandait ce qu’allait faire P.J.Hogan avec cette histoire. Il a décidé, et c’est tant mieux, de revenir au récit original et à ses fondamentaux. A noter également que pour la première fois, le rôle de Peter Pan est tenu par un garçon. En effet dans les autres adaptations et au théâtre, c’était toujours une femme qui tenait le rôle, ce qui peut paraître un comble vu la nature même du personnage !
Son choix de casting est vraiment réussi, Jeremy Sumpter dans le rôle titre est tout à fait crédible en garçon volant et rebelle, et assure parfaitement dans les scènes d’action. Rachel Hurd-Wood est délicieuse en Wendy, et Jason Isaacs, dans le double rôle (là aussi une tradition dans la pièce) du Père de Wendy et du Capitaine Crochet arrive à faire oublier la partition amusante mais très cabotine de Dustin Hoffman dans Hook.
Le film opte pour des partis-pris visuels très marqués, avec les décors du Pays Imaginaire très contrastés et qui s’assument en tant que « décors ». Celà donne un côté pièce de théâtre par moments, ce qui renvoie à l’origine même du récit. Cependant, il n’y a pas le côté carton-pâte désagréable de la version de Spielberg, tout est beaucoup plus doux, beaucoup plus féérique.
La musique de James Newton Howard varie les tons et les styles, et offre quelques très jolies séquences (la magnifique scène de danse entre Peter et Wendy).
En bref, ma version favorite de ce conte éternel, et ce n'est pas le récent calamiteux Pan de Joe Wright qui a changé la donne.