Phantom Thread est un film à la fois enivrant et envoûtant, à l'image de cette musique au piano, emprunte d'amour, mais aussi de mystère.


Paul Thomas Anderson met en scène Reynolds Woodcock, couturier de génie des plus exigeants.
Sa routine est bien réglée: il confectionne des robes toujours plus belles pour des femmes toujours plus riches, prend de temps en temps une concubine jusqu'à qu'il se lasse d'elle puis en prenne une autre et ainsi de suite.


Reynolds se décrit lui-même comme un célibataire endurci, incurable même.
Cette malédiction, c'est celle qu'il a reçu pour avoir cousu, avec sa soeur, la robe de mariage de sa mère.
C'est pour ça qu'il restera célibataire, et c'est pour ça que sa vie n'est qu'un éternel recommencement.
Mais ce n'est pas si grave: entre ses robes et sa soeur, sa vie est vraiment parfaite et il ne lui manque rien. Ou presque.
Tous les jours, il pense à sa mère décédée, dont il garde une mèche de cheveux près de son coeur, dans la doublure de sa veste.
La réalisation au cordeau, à l'image des robes somptueuses, nous montre la passion qui anime ce couturier, ne laissant que peu de place aux sentiments et au hasard.


C'est pour ça que lorsqu' Alma fait sa connaissance, on imagine qu'elle va finir comme toutes les autres, véritable fantôme dans le couple, soumise aux exigences et aux caprices de son compagnon.


En cela, j'ai trouvé Daniel Day Lewis parfait dans le rôle. Il étouffe littéralement son entourage et prend toute la place.
La musique est sur ce point impeccable, elle suit à la perfection les espérances et les désillusions du couple.


Alma est donc, indirectement, maudite à son tour.

Seulement voilà, elle a trouvé la faille: lorsque Reynolds est fatigué, il est comme un bébé et elle peut se rapprocher de lui en s'en occupant.


C'est là toute la logique malsaine du couple: un lien d'interdépendance où chacun est à son tour dominé et dominant.
Malsaine car Alma va aller jusqu'à provoquer ces moments de faiblesse en empoisonnant son compagnon avec des champignons.


C'est là tout le génie kafkaïen de la chose: Reynolds se laisse empoisonner pour revoir sa mère, dont les visions se font nombreuses lors des fièvres provoquées par ces moments d'indigestion.
Ou peut-être est-ce un effet secondaire provoqué par ces champignons hallucinogènes?
Libre au spectateur de se faire sa propre opinion.


Phantom Thread m'a hypnotisé par sa musique, son rythme et sa beauté.
L'amour n'est que sacrifice.

Black_Phillip
8
Écrit par

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le 18 févr. 2018

Critique lue 253 fois

Black_Phillip

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