Badass Chick

Car évidemment Soderbergh ne fait rien comme les autres et entreprend de prendre le contrepied des actionners modernes à l'instar de David Mamet dans le méconnu Spartan avec Val Kilmer.
Ainsi, le réalisateur d'Erin Brokovitch et d'Ocean's Eleven se place aux antipodes des productions actuelles et dynamite les codes d'un genre auquel la saga Bourne a fait paradoxalement plus de mal que de bien, à travers une narration éclatée, une caractérisation des personnages et des dialogues étonnants (parfois on a l'impression de ne pas être devant un film d'espionnage) et surtout à travers sa mise en scène.
Soderbergh propose en effet un traitement de l'action inédit, d'abord en refusant de céder à l'horripilante mode de la « shaky-cam » et en proposant des morceaux de bravoure d'une lisibilité exemplaire, exempts de filtres visuels et autres effets de montage foireux. Le cinéaste adopte également une approche audacieuse dans la composition de ses cadres et dans ses mouvements de caméras (jeu sur les distances et usage de nombreux mouvements de grue).

Les qualités formelles du métrage séduisent donc de prime abord mais tendent rapidement vers l'exercice de style, certaines séquences se révélant au final totalement anti-spectaculaire à l'image d'un gunfight près de la frontière canadienne et d'une course-poursuite en voiture qui se termine de manière inattendue.
Reste des combats à mains nues d'une brutalité rare, superbement chorégraphiés et mis en scène, où l'ex championne de MMA Gina Carano massacre littéralement ses opposants masculins parmi lesquels Michael Fassbender et Channing Tatum qui prennent très, très cher !
La miss se révèle d'ailleurs très à l'aise dans le rôle principal de ce film au casting 5 étoiles (Fassbender, Ewan Mc Gregor, Antonio Banderas, Bill Paxton, Mathieu Kassovitz et Michael Douglas ! Excusez du peu...) dont la plupart des interprètes sont hélas desservis par le côté désincarné de leur personnages. Athlétique (logique), plutôt mignonne et actrice correcte, la demoiselle fait des débuts prometteurs d'autant que le spot d'action woman n°1 est à pourvoir.

A l'arrivée Haywire est un film étrange et assez plaisant à regarder grâce à l'abattage de son interprète principale, à quelques fights énervés et à des partis pris qui ont le mérite d'être iconoclastes. Cependant, le métrage se révèle aussi déstabilisant et parfois ennuyeux dans son approche du genre d'autant que le scénario ne vole pas bien haut malgré tous les artifices formels et narratifs de Soderbergh.
Haywire s'inscrit finalement parfaitement dans la filmographie récente de son réalisateur touche à tout qui a enchaîné pêle-mêle un biopic historique (Che), une péloche arty avec une pornstar (The Girlfriend Experience), un film catastrophe (Contagion) et plus récemment un drame dans le milieu des chippendales (Magic Mike) !