J'ai pas envie de taper sur Godard, j'aime pas ça. J'ai pas de réalisateur que je déteste assez pour cracher sur toute son œuvre et finalement de Godard, je n'ai vu que trois films.


Godard, c'est un mec qui divise. Entre ceux qui trouvent son cinéma dense et osé et ceux qui sont totalement sur la touche. Je peux comprendre ceux qui apprécient Godard parce que c'est pas du cinéma bête. C'est recherché, c'est fouillé, c'est plein de références littéraires et tout... mais moi ça m'insupporte.


Mon véritable soucis avec Godard, c'est qu'à toujours vouloir montrer à quel point son œuvre est intellect, il détruit totalement la forme de ses films. Autant j'avais bien aimé A Bout de Souffle, le montage était assez osé et le personnage de Belmondo me faisait beaucoup rire. Cependant, j'avais trouvé Le Mépris long à en crever et sans trop d'intérêt. Dans ma tête, c'est Piccoli qui passe une heure trente à demander à Bardot pourquoi elle le méprise sans aucune réponse. Évidemment, que c'est plus profond, mais moi, c'est tout ce que m'évoque Le Mépris et à aucun moment, je ne me suis senti pris par le film.


Mais je pensais pas que Pierrot le Fou me donnerait cette sensation mais accentuée. Et bon sang, qu'est-ce que j'ai pas aimé. Mais je devrais surtout dire « qu'est-ce que j'ai rien capté ». Je me suis fait chier comme c'est pas permis, me demander à chaque seconde ce que je foutais devant ce film.


Et du coup, je repense au Mépris et je me rend compte que ce film, bah c'était pas si aussi insupportable que ça. C'était moins long, le décors étant plus exotique, ça donnait une chaleur au film et puis il y avait quand même la beauté de Brigitte Bardot.


Dans Pierrot Le Fou, je n'y ai vu aucune chaleur, aucune compassion pour le spectateur. J'avais le sentiment de me faire insulter tout du long tant je trouvais l'aspect intellect pétant au possible et foutrement hautain. Il y a différents types de film, y a ceux qui prennent le spectateur par la main, et ceux qui demandent un effort de la part du spectateur. Et j'aime bien adhérer à un film difficile à appréhender, mais c'est vraiment pas le cas dans Pierrot le Fou.


Je disais plus haut que Godard était capable de rendre sa forme insupportable pour donner du fond à son film, et bah ça a jamais été autant le cas. Et le pire, c'est que je ne comprend pas l'intérêt ! A plusieurs moments, on entends des grésillements comme si le son saturait, d'autre où on entends très peu les dialogues, des fois la musique masque tout les autres sons. La musique apparaît, disparaît pour revenir cinq secondes plus tard. D'autres moments, Jean-Paul Belmondo va jusqu'à briser le 4em mur (pourquoi pas, mais j'ai pas compris l'intérêt), et Godard est capable de filmer un paysage sans rien à regarder pendant vingt secondes. Les dialogues se répètent comme c'est pas possible (j'ai pas compté le nombre de fois où Belmondo répète à Karina qu'il s'appelle Ferdinand) et j'ai eu à de nombreuses reprises l'impression de revoir les mêmes scènes plusieurs fois.


Quant à l'histoire, ça stagne constamment. Ça parle de cadavre à cacher, de gangsters, de meurtre, mais au final, ça doit bien occuper un dixième du film. Le reste c'est Belmondo qui lit un livre et qui marche avec Karina en la méprisant comme c'est pas possible. C'est un road movie, mais on a aucunement la sensation d'un écoulement du temps. Au final, des gangsters, on doit en voir cinq minutes et ils ne donnent jamais un sentiment de danger.


Je ne comprend pas ! C'est tout, je ne comprend pas. Je ne comprend cette histoire, je ne comprend pas cette mise en scène, ces choix de narration et ça me paraît tellement hautain et prétentieux que ça me donne envie de faire aucun effort. Je n'ai rien saisis du film, et c'est sans doute le reproche qu'on peut faire à ma critique. C'est que comme je n'ai pas saisis le film, je peux difficilement en parler avec justesse. Mais je suis pas le seul à être resté sur la touche avec Pierrot le Fou. Je suis pas le seul à m'être fait chier royalement, et ça montre bien que ce film divise. Et ça me dérange pas que le film divise, je suis même content pour ceux qui ont su l'apprécier, ça montre qu'il a un intérêt. Mais moi, ça m'est juste passé à côté, et j'ai passé tout mon visionnage à me faire chier comme c'est pas possible.


Sincèrement, de la Nouvelle Vague, Godard est certainement le cinéaste avec qui j'ai le plus de mal, et franchement, j'ai pas envie d'aller plus loin avec lui.

Créée

le 17 févr. 2019

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James-Betaman

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