D'un côté, Ferdinand. L'homme. L'intellect. L’Apollinien.



Il s'acharne, à coup d'Art, à décrypter le mystère du monde dans lequel nous sommes plongés. La beauté de Rimbaud, de Joyce, de Velasquez, ne procède t-elle pas de la même fulgurance que l'on peut parfois ressentir, lorsqu'il nous semble communier avec le monde? Qu'on est confronté à la beauté d'une femme "Tes jambes, et ta poitrine, sont émouvantes", "Je regarde ton visage, et c'est comme une musique"? Lisons, donc, nourrissons nous de ces beautés pour tenter d'en comprendre l'unité.



"Pas la vie des gens, mais la vie, LA VIE TOUTE SEULE [...] Joyce a essayé, mais on doit pouvoir, pouvoir faire mieux"




De l'autre, Marianne. La femme. Le sensible/sensuel. La Dionysiaque.



Elle chante, danse, jouit de ce monde dont elle fait partie, et se rit de voir le pauvre "pierrot" lutter avec ses livres. Puisque "on ne comprends jamais", pourquoi se démener ainsi, pour élucider une vie qu'il ferait mieux de savourer, ici et maintenant? La beauté d'un oiseau, de la mer, n'est elle pas supérieure à celle d'un bouquin?



Au milieu: Godard.



Gavé lui même de l'Art et de sa cérébralisation (à tel point qu'il en dégoute plus d'un), il n'est pour autant pas sourd à la sensualité du monde (Le Mépris!), et son cinéma est autant une expérience sensorielle et poétique, qu'intellectuelle. "L'espace, le son, et les couleurs": les acteurs, les voix, la musique, les lumières... le film, en cinémascope, est sublime. Les multiples citations (livres,voix-off, inserts d'images) sont autant de suggestions poétiques qui se fondent délicieusement au film -L'ouverture Velasquez!-, et sont "le cendre invisibles de sa symphonie silencieuses" ; notre Marianne(sentiments) et notre Ferdinand(intellect) intérieurs sont réconciliés, dans l'extase.



"Elle est retrouvée. Quoi? L'éternité. C'est la mer allée avec le soleil".


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le 12 janv. 2016

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