La Gratuité est elle justifiable?
Quelques Légers spoilers. A toi de voir si tu veux tenter ta chance dans cette lecture.
Un film de monstre. J'essaie depuis près d'un an, mais ça a du mal à prendre. Entre les productions type "Mega Machintosaure vs Giga brontosoritruc", les "Feast", et autres "Sharkanodron". Toujours ce sentiment d'ennui, malgré leur concept plutôt fun, et leurs codes plutôt facile à décrire (donc normalement flatteur). Dans une ènième tentative de trouver chaussure à mon pied, je tombe sur "ça" ou plutôt sur "ceci"
("ça" étant le fameux "it" de mister K.)
Ca commence par de la bonnasse, de la grosse cochonne, comme il est d'usage dans ce genre de film. Cependant le réalisateur m'amène dans une sphère dont j'ignorais tout. Il révèle en mon être quelque chose d'inconnu. Jusqu'où peut on aller dans la gratuité? Avec les productions vidéo ludiques japonaises, je pensais avoir "tout vu", mais mister Aja m'appris -dans son infinie sagesse- que non : définitivement.
Le gratuit, c'est facile, tout le monde peut le faire, ça ne demande aucun talent. Aja me montre que la gratuité, ça peut être un propos en soit, et abouti de surcroît. Il construit une montée en puissance dans la première partie du titre, prenant le concept primaire et basique de "la femme objet" (code du film de monstre s'il en fût) pour en faire un axe majeur de son oeuvre. A mesure que les minutes défilent les "plans nichons" et autres "plans fesses" ne cherchent même plus à s'intégrer dans le récit (classique du film de strem). Ils sont intégrés au récit (notez la nuance) sous forme de péripéties, dénudant ces bombasses méthodiquement à mesure que les minutes de sa phase d'exposition défilent, le tout posant les bases de son plot, ainsi qu' enjeux et personnages.
Quand on croyait avoir vu les limites de la gratuité, et que seul la scène pornographique live pourrait parachever cette apothéose outrancière, on se rend compte que non, Alexandre peut aller plus loin. Je garde en tête cette fameuse scène de concours du T Shirt mouillé. Si vous ne connaissez pas les mécaniques avancées de ce jeu, aussi moderne qu'élitiste, alors je vous le vulgarise prestemment. Les règles du jeu sont définis par son concept: "mouillé le T Shirt de ces dames". Le but également: "voir leurs boobies par transparence" (il faut des connaissances en physique pour comprendre la mécanique qui se cache derrière ce procédé).
Seulement certaines candidates, et par extension, le réalisateur, nous montre que ces règles sont très surfaites vis à vis du stade/de la progression du "plan cochon" dans le film. Et tout ceci s'intègre naturellement, notre oeil a presque du mal à être choqué suite la surabondance de fesses et de boobs qu'on a déjà ingéré à ce moment précis. Un processus aussi sournois qu'une oie qu'on aurait gavé par portion exponentiellement grandissante.. Le "plan nichon" se défini ainsi "plan normal" à ce stade de l'oeuvre. Conclusion du premier axe annoncé sur la couverture : "sex".
Le point de bascule du film reste le moment clé du titre, celui qui vient nous sortir de cette lobotomie libidineuse magnifiquement orchestrée pour orienter l'oeuvre vers son deuxième axe : "blood". Le moment où les gardes côtes viennent sauver le monde. Moment absurde, vis à vis des codes du genre: comment peut on sauver le monde à la moitié d'un film dont un massacre est annoncé dès le départ?
Je ne répondrai pas à cette question afin de ne pas te spoiler, mais je te laisserai un indice en fin d'article. Tout ce que je peux dire c'est qu' Aja ne joue pas la simple carte du très célèbre, "si tu aimes le sexe, tu vas mourir", il va trouver un moyen malin pour justifier sa gratuité par de là l'entendement en ajoutant une donnée savoureuse au carnage, afin de créer, là encore, une montée en puissance dans la violence cette fois ci, puisque c'est son deuxième Axe de développement, et deuxième code de film de genre.
Conclusion: Sex, Bêtise et Violence. Trois basiques de tout film de monstre (bon ou mauvais, chiant ou fun). Aja prend ses éléments, et gravite autour sans jamais s'écarter du sujet un seul instant. La gratuité est elle justifiable? Je ne sais pas, cependant, je vois une certaine forme d'honnêteté intellectuelle (voir culturelle) dans son propos et une maîtrise plutôt cool du sujet.
PS: Mon film de monstre préféré, et de très loin. Bien construit, drôle et on ne se moque pas du spectacteur avec des trucs à la con. What else?
Indice
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"Le discernement est un facteur majeur dans la survie d'un individu"
-Darwin-
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