Pirates des Caraïbes : La Fontaine de Jouvence par TheScreenAddict

Un seul être vous manque et tout est dépeuplé, disait l'autre. Dans le nouvel opus de Pirates des Caraïbes, ce n'est pas une seule personne qui s'est tirée du navire, mais au moins trois figures de proue. Hormis l'effarante disparition de Gore Verbinski jadis aux commandes d'une trilogie flamboyante, c'est l'absence du couple Keira Knightley / Orlando Bloom qui fait cruellement défaut à cette suite sans saveur, mercantile et mollassonne. On avait beau taxer leurs personnages de nunuches, il faut bien reconnaître qu'ils formaient, avec celui de Johnny Depp, l'un des trio les plus mémorables du cinéma d'aventure de ces dix dernières années.

Confié aux mains du tâcheron Rob Marshall, à qui l'on doit les nullissimes Mémoires d'une Geisha et Nine, le mal nommé Pirates des Caraïbes : La Fontaine de Jouvence (nulle cure de jouvence en vue) fait preuve d'un manque d'ambition flagrant, privé de la plupart des éléments essentiels qui faisaient le charme des premiers épisodes. Le simplisme du scénario (tous les personnages se chamaillent gentiment dans leur quête de la Fontaine de jouvence), rivalise d'inconsistance avec la pauvreté d'un casting amputé, qui plus est en roue libre : Johnny Depp, frappé d'un effrayant sérieux, ne nous régale plus de ses cabotinages, Geoffrey Rush se ridiculise à qui mieux mieux en corsaire maniéré, Penelope Cruz tente de décrocher la palme de la plus grande potiche... quant au reste de la distribution, elle sombre sans coup férir dans les abysses de l'oubli. Les pirates morts-vivants du premier opus, ou la clique numérique de Davy Jones avaient bien plus de gueule !

Ne conservant de la saga que la magnificence des décors et la perfection des effets visuels (merci, encore une fois, aux magiciens d'ILM), La Fontaine de Jouvence s'enlise dans les méandres d'une intrigue longuette ultra-prévisible, aux rebondissements paresseux, au montage approximatif, voire hésitant. Où sont passées les innombrables péripéties qui nous maintenaient en haleine jusqu'à la dernière image ? Où sont passés les morceaux de bravoure hallucinants tels la dantesque bataille finale du troisième volet ? Où sont passés les méchants d'anthologie, de la trempe du terrifiant Davy Jones ou du flegmatique Lord Beckett ? Le nouveau Pirates des Caraïbes a troqué le grandiose pour le fade, le délire pour le banal, obéissant à la règle du divertissement commercial aseptisé et castré. Aucune scène, aucun élément de surprise ne parvient à faire vibrer le spectateur, qui finit par s'ennuyer ferme. C'est à se demander comment Johnny Depp a pu accepter de jouer dans pareille escroquerie, si ce n'est par un attrait purement financier. Pirates des Caraïbes : La Fontaine de Jouvence, ou l'antithèse malhonnête du cinéma de divertissement, nous laisse en bouche un goût de mauvais rhum. Et dire qu'il s'agit du point de départ d'une nouvelle trilogie... Que Calypso nous vienne en aide !

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le 26 août 2011

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