Le visionnage des Pirates des Caraïbes en VF à la télé, jadis, m’avait fait rater la beauté de cette langue anglaise résonnante de yarhar! et autres joyeusetés petites-bourgeoises ; une langue si riche qu’elle me fait douter de mon bilinguisme, tant j’ai eu peine à suivre malgré la VO sous-titrée en… VO.
Les phrases chocs sont un peu forcées au démarrage, de même que quelques cascades où les crashtest dummies s’élancent gaiment dans des trous comme si l’on devait croire que c’était involontaire. Hm hm. Mais les dialogues sont si beaux et vont si bien avec le raffinement de Keira Knightley, voire l’ahurissement permanent d’Orlando Bloom (que jouer la fine lame rend au moins un peu gaillard). Entre l’esprit de Jack Sparrow (qui d’autre que Johnny Depp pour ce rôle, franchement…) et l’escrime bien rodée qui ferait pâlir Jean Marais s’il n’eût déjà été monochrome, on croirait un Cyrano pour qui « berges raquent », et qui, à la fin de l’envoi, prend la mouche.
Les effets spéciaux sont propres, la guerre d’intérêts crédible à tout instant (pourtant l’usage en est presque abusif) et la distraction ne s’arrête pas une seconde, entretenue dans ses molesses par les pitreries de Depp et envolées dans les climax par la magnifique musique thématique de Klaus Badelt. Parfois, l’humour et le style ne rentrent pas ensemble sans quelques heurts, mais est-ce cher donné un divertissement si bien forgé ?
Quantième Art