En 2004, les studios Pixar étaient à leur apogée. Voyez un peu. Dix ans plus tôt ils venaient de révolutionner le monde de l’animation avec Toy Story et enchaînaient avec 1001 pattes, Toy Story 2, Monstres et Cie, Le Monde de Némo et les Indestructibles. 2 ans plus tard (après une année vide en 2005), ils divisent le public avec Cars. Si visuellement le film était proche de la perfection (on se souvient encore de la carrosserie de Flash McQueen brillante comme une vraie), il est vrai qu’on pouvait trouver des choses à redire, notamment sur les personnages secondaires et son côté très enfantin comparé aux autres films du studio à la lampe, là pour faire rire les gamins, et avec une quasi-absence de plusieurs niveaux de lectures, ou du moins des choses vues et revues. Mais Cars est devenue la véritable poule aux oeufs d’or de Pixar grâce à sa flopée de produits dérivés. Et histoire de ne pas la lâcher, une franchise a été créée : une série de court métrages (Cars Toons, pour les petits, à la qualité assez inquiétante, rappelant malheureusement les médiocres Pingouins de Madagascar). Et une suite, le mauvais Cars 2 a vu le jour. Ne s’arrêtant pas en bon chemin, Lasseter décide de mettre en chantier Planes, par Disney cette fois-ci, un dérivé de Cars avec des avions. A la base prévu en Direct-To-DVD (là où le film avait largement sa place), le film a finalement bénéficié d’une sortie en grandes pompes. Pour résumé : prenez Cars, Cars 2 et Turbo, mélangez le tout et n’en sortez que les mauvais ingrédients.
C’est dommage parce que ça partait pourtant bien. Les 5 premières minutes sont plutôt alléchantes avec une belle réalisation et une scène de course dynamique. Et ce sera tout. Il n’y a absolument rien à sauver dans Planes tant tout est médiocre.
Commençons ainsi par ce qui faisait la force de Disney et de Pixar : la mise en scène. On se souvient par exemple du découpage monstrueux de la scène de la forge dans Toy Story 3, ou encore les véritables morceaux de bravoures de Raiponce et de Volt. Ici il n’y a rien, absolument. Le néant complet. Si les scènes de champs sont compréhensiblement planplans , malheureusement les courses ne sont pas beaucoup mieux. Les réalisateurs semblent avoir trouvé une « idée » de génie : poser la caméra sur le flan de l’avion. WOUHOU, quelle révolution ! On a plus une sensation de vitesse dans le dernier GTA. Et ce plan est usé jusqu’à la corde au point d’en dégoûter le spectateur (comprendre une fois toutes les 10 minutes). On s’arrêtera là, le reste est filmé comme un épisode de Cars Toon. Sans aucune âme, sans aucune recherche. On ne ressentira pas une seule fois la vitesse ni la tension de cette très longue heure trente qui peine à passer.
Et vous pouvez également vous endormir puisqu’il ne se passe rien : des courses. Voilà. Clap de fin, à peu près : on suit Dusty Crophopper, un avion d’épandage, dont la vie se résume à pulvériser des produits sur un champ de maïs (qui mange le maïs ? Les avions ou les voitures ? On ne le saura jamais) alors qu’il rêve de participer au Grand Rallye Tour du Ciel en faisant le tour du monde. Il arrive à s’inscrire et je vous laisserai -ou pas- découvrir la fin, qui est comme vous l’imaginez en lisant ces lignes. Le scénario est du resucée de Cars, le développement est le même, les personnages sont identiques (le side-kick est là aussi), il n’y a aucun enjeu, c’est long, on s’ennuie et le message de fin (« Vous réussirez quand vous irez dans l’armée ») est absolument ignoble. Ah oui, on n’a pas encore parlé du visuel. Simplement, si le film était prévu en DTV c’est qu’il y a une raison : c’est d’un cheap assez incroyable et on est très loin de la claque visuelle qu’avait pu nous mettre Cars ou même Raiponce.
C’est triste à voir, d’autant plus que certains excellents films d’animation peinent à être distribués en France. Vos enfants devraient apprécier, s’ils n’ont pas au delà de 10 ans, les autres peuvent passer leur chemin.