Assez surpris, car m'étant lancé dans le film après avoir seulement regardé la bande-annonce d'un oeil, je m'attendais à un Tomboy suédois, je me retrouve nez à nez avec un Funny Games centré sur des enfants.
Le film dégage un malaise du début à la fin mais, un peu dans le même registre que The Florida Project, en réussissant à se placer du point de vue des enfants. Dans l'absolu, il ne se passe rien de gravissime, ce n'est que l'histoire d'un racket.
Mais jamais un adulte (excepté à la fin, mais en étant obligé de se rabaisser à un comportement enfantin) ne vient apporter cette nuance au récit, et on vit le malaise de ces enfants, car pour eux ce racket est quelque chose d'effrayant, au point de se faire dessus.
Bref, j'ai beaucoup apprécié ce parti pris, qui ramène une gravité dans ce récit, mais également la mise en scène. La caméra semble toujours posée à côté de la scène, ce n'est pas elle qui déclenche l'action, mais l'action qui est captée par la caméra, ce qui rend le récit d'autant plus crédible, plus vrai.
Je vais retenir plusieurs plans, en commençant par ceux qui respirent l'humiliation vécue par ces enfants, au point de nous la transmettre : le plan des pompes sous le tunnel, le plan serré sur l'enfant dans le métro qui subit une ultime humiliation de la part des contrôleurs en rentrant chez lui, le regard hagard, même le plan dérobé de celui qui se fait dessus...
Et un plan qui m'a beaucoup ému et lorsque la caméra suit l'enfant qui monte dans l'arbre, et offre, comme pour lui, un peu de répit au spectateur en s'élevant vers le ciel. J'ai le vague souvenir d'un plan similaire dans Funny Games, qui nous offrait une brève occasion de respirer.