M. Hulot, présent mais absent
Playtime est difficile à évaluer: J'ai un sentiment assez partagé sur ce film. Il est très intéressant, et à la fois très troublant voire parfois long.
D'un côté, le côté un peu mégalomane de Tati dans ce film peut-être salué, notamment au niveau des décors: Ils servent bien ce que Tati semble vouloir montrer. Une architecture futuriste - pour les années 60 ! - qui montre une société basée avant tout sur l'apparence, mais très fragile (la partie au restaurant qui s'écroule un peu le montre bien). On suit ces gens, dans une société mécanisée dont les causes découlent justement de cette volonté de "bien" apparaître à tout prix. D'ailleurs, on y voit ces gadgets un peu inutiles, comme dans Mon Oncle. Le fond abordé par le film est globalement plus ou moins riche.
Puis, il y a ce Monsieur Hulot. Et de ce côté, je suis un peu de marbre face à ce personnage. Jamais très drôle, toujours en décalage avec la société mais au fil des films de Tati, il perd petit à petit de sa pertinence. On dirait presque que le réalisateur veut s'en débarasser un peu à certains passages, ou il est tout simplement absent. Les passages les plus intéressants du film sont donc... sans Hulot. En travaillant un peu plus le film, je suis sur que Tati aurait même pu se passer de lui, pour se concentrer uniquement sur la critique de cette société.
Et enfin, cette absence totale de trame narrative, de dialogues, de personnages auxquels on s'attache (faute d'un Monsieur Hulot convaincant) font de ce Playtime un film un peu expérimental, intéressant, mais qui souffre à mes yeux de trop grosses lacunes pour être qualifié de film excellent, de film qui transporte le spectateur.