Jacques Tati nous invite à suivre un car de touristes anglaises venues passer une journée à Paris et découvrir la vraie France : le bon fromage tel la Vache qui rit, les marchands de fleur du coin de la rue, les fameux parkings de l'aéroport, les "petites" voitures ou encore le poisson à la sauce au beurre... Vous l'aurez compris, ce film offre une critique âpre de la société, qui me paraît toujours d'actualité. Ce film reste pour cette raison, à mon avis, toujours très contemporain. Le réalisateur dénonce la société de consommation qui incite à consommer des objets toujours plus nombreux et modernes qui s'apparentent plus à des gadgets qu'à des biens capables de répondre à un besoin réel (aspirateur lumineux, portes silencieuses, fauteuils indéformables mais confortables). Il s'attaque aussi aux "call-centers", aux plats préparés peu appétissants, au tourisme de masse, aux fausses discussions... Au travers d'un ensemble de jeux de reflets et de pantomimes (les discours étant quasi inexistants ou vide de sens), il aborde une société changeante où règnent le béton armé et le verre, où la nature n'a aucune place. Bref il décrit un monde aseptisé, robotisé et ainsi déshumanisé à l'image de Bercy, quartier ne pleine construction.
Si le début du film m'a paru lent et même parfois trop long, j'ai adoré la seconde partie du film (à partir du moment où les personnages entrent dans le restaurant à peine achevé et surtout très mal pensé par l'architecte visiblement incompétent). Le cinéaste a parsemé son oeuvre de scènes incongrues et donc hilarantes (pieds de lampe confondu avec les barres de sécurité dans le bus, porte cassée du restaurant, serveur déshabillé). Certaines scènes sont vraiment magnifiques car surprenantes dans les choix de prise de vue (activité nocturne autour du poste de télévision dans quatre appartements, rond-point comparé à un manège). Si les bruits exacerbés et la musique m'ont parfois dérangé au début du film, leur utilisation permet de souligner la non communication et l'absence de silence qui caractérisent notre époque.