Ça faisait longtemps que je ne l'avais pas vu, ça m'a fait du bien. C'est vraiment l'un des plus grands films de l'histoire du cinéma. La séquence du Royal Garden reste unique, même à la seconde vision. Le dérèglement opéré par Tati dans cette scène tient de l'invisible, de l'infime. Sans que l'on s'en rende compte, la vie envahit le film. Toute l'ambition de Tati est là : c'est par le dérèglement (esthétique, sonore), que la vie advient. Cette ambition n'a jamais été aussi criante et bouleversante que dans Playtime. Elle est à la hauteur du monde que le cinéaste a créé et qui le ruina. Le personnage de Monsieur Hulot n'est donc pas un grain de sel, c'est un grain d’éternité. C'est du grand art.