Crispant pour les uns mais craquant pour les autres, Pikachu est surtout la mascotte du jeu animé, ce sous-genre capitalisant sur les jeux vidéo ou physiques, et couvrant aujourd’hui un spectre qui va de Yu-Gi-Ho! à Beyblade. Cela dit, il a un handicap lourd, car il ne parle qu’en disant ou répétant le début de son nom, ce qui permet de faire passer la chose chez les plus jeunes, mais peu de choses pour les autres spectateurs s’il y en a. Cela dit, c’est du passé depuis longtemps car c’était avant l’invention scénaristique de l’année 2019, à classer devant la réinvention du voyage temporel dans Endgame d’autant qu’elle date de 2016, à savoir d’associer Pikachu à quelqu’un qui va être capable de le comprendre. Cette invention est celle du jeu vidéo Meitantei Pikachū, tombé dans ce trou noir culturel qu’on appelle Hollywood, car l’adaptation cinématographique est le fait d’un joint-venture américano-japonais, et le gentil monstre jaune aux éclairs est doublé par le méchant super-héros rouge aux bons mots…


La situation de l’action dans une ville fictive, où vivent appariés humains et Pokémon, est l’autre truc trouvé pour rendre les choses intéressantes ou même vraisemblables, mais le décalage préexistant entre les peluches vivantes et leurs pouvoirs destructeurs reste une limite, et cette limite est renforcée par le décalage entre les côtés kawaii ou sherlockien de Pikachu et ses répliques ou son ton. L’intrigue est simple, mais surchargée de retournements sans grand intérêt, et rembourrée d’emprunts allant du clin d’œil à Home alone au plagiat avec le gaz dispersé par des ballons comme dans le Batman de Burton, sans parler d’une musique dont le thème rappelle un peu trop Tubular bells. Ni poursuite de Golden compass ni reprise de Gremlins 2, ce Jurassic Park pour enfants parvient difficilement à être original et encore plus à être touchant, la faute entre autres à des effets spéciaux caoutchouteux pour une partie des Pokémon. Le but est clairement de ne pas déborder du cahier des charges, et il n’est pas possible d’inventer dans ces conditions, d’où le recours au personnage de Mewtwo pour créer d’abord une Némésis puis un deus ex machina, alors qu’il était déjà le personnage central de deux des films animés, et qu’il ne ressemble pas physiquement à un serpent qui se mord la queue.


Pour public averti (ou qui pense qu’il faut tous les attraper quand on parle de produits dérivés) : Pokémon detective Pikachu (2019) de Rob Letterman (réalisateur entre autres de Monsters vs. aliens, classable dans cette catégorie de films qui méritent d’être vus sans toujours justifier l’argent que ça coûte), avec Ryan Reynolds (l’homme qui ressuscita sa carrière avec un rôle mineur mais qui reste encore loin d’une McConaissance) et Justice Smith (qui n’a rien à voir avec Jaden et qui peut déjà en tirer la gloire de réussir par lui-même)


Avis publié pour la première fois sur AstéroFulgure

Adelme
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le 22 mai 2019

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