1. Un polar scotchant


L’esthétique vidéo clip et la musique pop du groupe Wang Chung nous téléportent d’emblée dans les années 80. Sec et brutal dans son traitement de la violence, Police Fédérale L.A s’autorise de véritables apartés stylistiques, notamment lors d’une séquence de fabrication de billets où le faux-monnayage y est élevé au rang d’art.


Colorées, énergiques et fascinantes, ces symphonies cinématographiques distillent une atmosphère unique en leur genre.


Difficile de parler de ce polar sans citer sa poursuite automobile, moment de bravoure physique et psychologique où nos « héros » doivent échapper à une multitude d’assaillants, jusqu’à prendre une autoroute à contre-sens.


Point de non-retour du film, cette séquence ouvre un dernier acte crépusculaire où nos personnages devront assumer l’énergie autodestructrice déclenchée par leur quête de vengeance.


2. Ni bien, ni mal, bien au contraire


Dans Police Fédérale L.A, les frontières entre bien et mal n’ont pas cours.


Le « héros » Richard Chance est un dangereux casse-cou, prêt à franchir les limites de la légalité pour assouvir sa vengeance et faire chanter son indic/amante tout en accumulant les erreurs de jugement.


Rick Masters est un artiste torturé, brûlant systématiquement ses peintures et ses billets lorsque ces derniers sont manipulés par des mains impures. Dandy et compagnon attentionné d’une femme à laquelle il accorde une amante, il en devient plus respectable que le policier qui le traque.


Torturés par leurs démons et aussi dangereux l’un que l’autre, nos deux adversaires n’en deviennent que plus séduisants au fil de l’histoire. Paranoïaques et autodestructeurs, ils entretiennent une spirale de violence qui rongera le partenaire de Chance, John Vukovich.


Contrairement à des polars comme l’Arme Fatale ou la série Miami Vice, la collaboration de notre duo de flics n’est pas empreinte de camaraderie. Entretenant une relation de méfiance avec Chance, Vukovich va progressivement intégrer la folie et la dangerosité de son co-équipier.


3. Voir Los Angeles et mourir


Quoi de mieux que la Cité des Anges comme théâtre de cette traque infernale ?


D’un coucher de soleil nimbant des terrains vagues aux néons agressifs des boites de nuit, Los Angeles semble sortir d’une hallucination dont les protagonistes sont victimes. Les entrepôts désaffectés, les autoroutes interminables… Tous les éléments de la ville constituent le terreau fertile du mal qui gangrène ses habitants.


Cet aspect brut et irréel fait de Los Angeles un personnage à part entière, dont les plans et arrière-plans rendent compte des tourments qui agitent chaque acteur de l’intrigue.


La Cité des Anges en acquiert une beauté étrange et fascinante, à l’image des destins entremêlés que met en scène Police Fédérale L.A.


Loin de la vague plus classique et conservatrice des films d’action et polars des années 80 glorifiant l’american hero, William Friedkin met en scène l’anti buddy movie par excellence. En déconstruisant les règles du genre, il jette un regard désabusé sur l’Amérique des années 80 dont Los Angeles devient la personnification.


Isaac Tarek

Zazak
10
Écrit par

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le 5 août 2021

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Isaac Tarek

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