Assassins de la peau-lisse
Polisse est à l'image de sa réalisatrice: fascinant et dérangeant.
Maïwenn réussit un tour de force en rendant le quotidien de la brigade des mineurs intéressant: il s'y passe beaucoup de chose, on traite rarement de l'anodin, le public est varié, c'est vivant et cruel à la fois, on frôle le trop plein, on évite de justesse le pathos dégoulinant pour rester dans l'émotion vraie et juste. Maïwenn nosu présente plusieurs variations du même thème: l'enfance maltraitée, malaimée, ou trop aimée, et face à ces sujets divers, on a des réactions qui changent également d'un flic à l'autre, ou d'un juste à l'autre, c'est varié et rafraichissant malgré le sujet.
Les flics sont crédibles, chacun a son histoire à côté du boulot, ses affinités, ses problèmes qu'il traine avec lui, une sensibilité qui lui est propre, bref une identité; une contenance.
Ils sont tous attachants, particulièrement dans leurs excès, leurs moments de colère où on se dit qu'on les comprend trop bien.
Polisse, c'est l'art de montrer des gens péter les plombs de manière convaincante.
Mais pas que
Polisse c'est aussi de belles histoires de collègues solidaires, capables de piquer des fous rires pour des anneries, quitte à se moquer de gamines trop naïves (ou trop connes) même si c'est a priori en contradiction avec leur devoir de neutralité, des gens normaux quoi.
Des gens normaux qui ont un boulot inhabituel.
Polisse c'est des sujets graves traités avec la légèreté et l'émotion propres à Maïwenn.
Les acteurs sont tous formidables, on se surprend à aimer Joey Star dans un rôle de flic au grand coeur.
le seul petit défaut que je pourrais lui reprocher, c'est juste l'histoire Maïwenn/joey Starr qui est un peu trop mise en avant et surtout une ou deux affaires en trop vers la fin, ou alors c'est juste que je fatiguais... d'un autre côté c'était un bon moyen de nous faire ressentir le ras le bol de karine Viard et Marina Fois: nous aussi on a envie d'exploser devant ce trop plein d'horreurs.
Heureusement, nous n'avons pas tous eu une enfance maltraitée, sinon on en viendrait à douter de l'humanité tout entière....